La Grèce est restée au centre des préoccupations des grands argentiers et banquiers centraux du G7 réunis à Dresde (est de l'Allemagne) jeudi, alors que la perspective d'un accord qu'Athènes avait laissé entrevoir la veille n'est clairement pas encore au rendez-vous.
La directrice générale du Fonds monétaire internationale (FMI) Christine Lagarde a indiqué avant le début de cette réunion jeudi matin qu'il n'y avait "pas encore de résultat ferme" des négociations, qui durent depuis maintenant plus de trois mois, entre la Grèce et l'ex-Troïka (FMI, BCE, Commission européenne).
Un peu plus tard, en marge de la réunion, le Commissaire européen Pierre Moscovici s'est montré plus positif. Mais il a jugé qu'il n'était "pas exact de dire qu'on a fait les trois quarts du chemin" vers un accord, comme l'affirment certains dirigeants grec, et qu'il restait "beaucoup de travail".
Néanmoins "on commence à voir des projets de réformes qui ont de la consistance", a estimé M. Moscovici au micro de la radio France Culture.
La veille le gouvernement grec avait fait savoir que la rédaction d'un accord avait commencé, une information vite démentie à Bruxelles et par le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble. Dans l'entourage d'un participant à Dresde, on affirmait jeudi que "sur le papier il n'y (avait) rien, zéro".
- le ton monte -
Les ministres des Finances et gouverneurs des banques centrales des Etats-Unis, du Canada, du Japon, d'Allemagne, de France, du Royaume-Uni et de l'Italie sont réunis jusqu'à vendredi dans la capitale saxonne sur les rives de l'Elbe - choisie par l'hôte, M. Schäuble, pour le renouveau de l'Est allemand qu'elle incarne.
Le dossier grec n'est officiellement pas à l'agenda de la manifestation, qui se veut aussi une séance de "brainstorming" avant le sommet du G7 des chefs d'Etat et gouvernement les 7 et 8 juin en Bavière.
Mais à l'exception notoire des Grecs, beaucoup des acteurs clés sont là, dont Mme Lagarde, M. Moscovici, et le président de la BCE Mario Draghi.
Le temps presse, alors que la BCE s'inquiète dans son rapport semestriel sur la stabilité financière, publié jeudi, des effets inflationnistes des tergiversations sur la Grècesur les taux d'emprunts d'autres pays de la zone euro, et que les partenaires des Européens s'impatientent.
"Tout le monde doit mettre les bouchées doubles, () et trouver une solution", a plaidé mercredi le secrétaire d'Etat américain au Trésor Jack Lew.
Le ton monte entre le FMI et Athènes, le ministre des Finances grec Yanis Varoufakis ayant estimé jeudi devant le parlement à Athènes qu'il fallait que ce soit "la dernière négociation avec les institutions". "Il faut qu'on négocie dorénavant avec la Commission européenne et non pas dans un cadre absurde et non transparent de négociation qui n'est pas conforme aux principes européens", a-t-il attaqué.
- fiscalité, régulation -
De son côté à Washington le FMI a fait savoir que le pays, sous perfusion financière de ses partenaires et du FMI depuis 2010 et qui attend le déblocage de 7,2 milliards d'euros de fonds en échange d'engagements de réformes, serait privé d'accès à ses fonds s'il n'honorait pas ses prochains remboursements. Il doit faire un paiement au FMI le 5 juin, que certains ministres grecs ont menacé de ne pas effectuer, alors que les caisses sont vides.
Les inquiétudes sur la Grèce planent sur des discussions que la présidence allemande du G7 voulait centrer sur bien d'autres sujets : après un symposium avec des économistes jeudi matin sur la croissance et les moyens de la rendre durable, les sessions de l'après-midi étaient consacrées à la lutte contre l'évasion fiscale et contre le financement du terrorisme, et à la régulation financière.
Les sujets davantage d'actualité, comme l'Ukraine et sa situation financière, ou une possible aide financière au Népal sinistré début mai par un gigantesque séisme, devraient être abordés formellement lors d'une séance de travail "fourre-tout" vendredi matin, où aura également sa place une discussion sur la monnaie chinoise, et la participation de certains membres du G7 à la banque d'investissement asiatique mise sur pied par Pékin.
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