Un juge d'instruction espagnol a ouvert une enquête contre le chef du groupe islamiste Boko Haram au nom du principe de justice universelle lui permettant de poursuivre des faits de terrorisme dès lors qu'il existe une victime espagnole, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
L'enquête vise des faits relevant du "harcèlement" et de "pressions" contre une religieuse espagnole en mars 2013 au Nigeria, "dans un contexte généralisé d'actions de nature terroriste de la part de l'organisation djihadiste", selon cette source.
Le juge Fernando Andreu de l'Audience nationale, spécialisée dans les affaires de terrorisme, a décidé d'ouvrir une enquête sur Abubakar Shekau, le chef de Boko Haram, estimant être compétent, dans la mesure où aucune autre enquête internationale n'est ouverte.
Dans son ordonnance consultée par l'AFP, le juge demande à Interpol de "réaliser un rapport sur l'organisation terroriste Boko Haram" et cite à comparaître la religieuse Maria Jesus Mayor Garcia pour écouter son témoignage. Il demande également la communication de rapports sur Boko Haram réalisés par les Nations unies et l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.
Le parquet, qui a demandé l'ouverture de cette enquête, souligne "que le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a lancé en avril un appel à la communauté internationale, pour qu'elle soutienne les Etats victimes de Boko Haram". "De nombreux civils, en particulier des femmes et des enfants ont été massacrés, enlevés, recrutés de force par Boko Haram. Les auteurs doivent répondre de leurs actes devant la justice", écrit-il.
"Ce que fait ce groupe est barbare" a déclaré à l'AFP le chef du parquet de l'audience nationale Javier Zaragoza, expliquant que sa compétence découlait du fait qu'il s'agit de faits relevant du terrorisme, pour lequels la loi dite de justice universelle s'applique encore en Espagne.
C'est à ce titre que l'enquête a été ouverte, même sans plainte de la religieuse, qui a pu échapper à Boko Haram.
La loi de justice universelle avait permis l'ouverture en Espagne en 1998 de poursuites contre l'ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, restées sans suite. Le champ d'application de la loi a depuis été considérablement réduit.
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