Le Tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé jeudi l'ex-ministre UMP Éric Woerth et Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, jugés en mars pour "trafic d'influence" dans un des volets de la tentaculaire affaire Bettencourt.
Les deux hommes étaient poursuivis pour avoir conclu un arrangement selon lequel Eric Woerth, alors ministre de Nicolas Sarkozy, aurait remis la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. En échange, ce dernier était soupçonné d'avoir fait embaucher en 2007 l'épouse du ministre, Florence Woerth, dans sa société qui gérait les dividendes de Liliane Bettencourt, la richissime héritière du groupe de cosmétiques L'Oréal.
Eric Woerth et Patrice de Maistre avaient formellement démenti un tel accord.
Ils sont également poursuivis avec huit autres personnes dans le volet "abus de faiblesse" commis au détriment de Liliane Bettencourt. Le jugement de ce volet de l'affaire, examiné entre fin janvier et fin février par le même tribunal, doit être rendu ce jeudi après-midi après lecture de celui du volet "trafic d'influence".
En rendant son jugement jeudi, le président du tribunal, Denis Roucou, a expliqué qu'"il peut exister un intérêt personnel pour Patrice de Maistre de recruter Florence Woerth alors que son mari est devenu ministre" et que "la carrière de Florence Woerth a bien été évoquée entre les deux hommes". "Pour autant, le recrutement de Florence Woerth ne pouvait dépendre de la seule décision de Patrice de Maistre" car l'agrément de Liliane Bettencourt devait également être recueilli, a souligné le tribunal.
Pour les juges, le seul fait qui pourrait être retenu, c'est qu'Eric Woerth a demandé au gestionnaire de fortune de recevoir sa femme, mais c'est "un élément extrêmement ténu pour caractériser le trafic d'influence".
Quant à la Légion d'honneur, si Eric Woerth est bien intervenu "en tant que trésorier de la campagne (présidentielle) de Nicolas Sarkozy", dans des "conditions totalement atypiques", "il n'est pas démontré l'existence d'un pacte de corruption dont la contrepartie serait l'emploi de Florence Woerth", conclut le tribunal.
A l'issue du procès tenu en mars, le Procureur Gérard Aldigé avait lui-même requis la relaxe "faute d'éléments à charge suffisants".
Et il avait vertement fustigé la "construction intellectuelle" des juges ayant instruit l'affaire "à partir du rapprochement audacieux d'évènements et de dates" qui, selon lui, "ne peut asseoir une culpabilité".
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