Contestant vigoureusement toute intervention pour accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy, François Fillon s'est dit convaincu jeudi que le secrétaire général de la présidence, Jean-Pierre Jouyet, était en "service commandé" en l'incriminant auprès de journalistes du Monde, thèse immédiatement réfutée par ces derniers.
En novembre dans le quotidien du soir et dans leur livre "Sarko s'est tuer", les journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme écrivent que, lors d'un déjeuner à Paris le 24 juin 2014, François Fillon avait demandé à M. Jouyet que l'Elysée accélère les poursuites contre l'ancien président pour empêcher son retour.
Devant le tribunal correctionnel de Paris, où il poursuit M. Jouyet et les deux journalistes en diffamation, l'ancien Premier ministre s'est posé en victime d'une "opération" visant à le "décrédibiliser" et "semer la zizanie à l'intérieur de (sa) famille politique" alors qu'il vise la candidature à la présidentielle de 2017 face à M. Sarkozy.
"C'est la seule explication plausible que je vois", a-t-il ajouté, estimant que M. Jouyet, pour qui il avait du "respect" et en qui il avait "confiance", "n'a pas pu agir seul".
Rappelant qu'ils avaient une source au sein de l'UMP qui les avaient informés des propos de M. Jouyet, les journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont immédiatement rétorqué que cette thèse du "service commandé" "ne tient pas", "n'a aucun sens".
Pour preuve, ils rappellent, enregistrement de leur entretien avec le secrétaire général de l'Elysée le 20 septembre à l'appui, que M. Jouyet leur avait dit "vous êtres bien informés".
François Fillon a expliqué que si certains avaient tenté de l'en dissuader, il a décidé de saisir la justice pour "défendre (son) honneur et (sa) conception de la vie publique", n'acceptant pas "une telle salissure", qu'on lui "prête des attitudes abjectes que toute (sa) vie politique vient démentir".
Lisant une déclaration écrite, il a assuré qu'il n'avait "jamais () fait pression, tenté de faire pression () sur le système judiciaire", ni envisagé de le faire.
"Jamais je n?aurais pu solliciter d?un collaborateur du chef de l?État une action contre un ancien président de la République que j?ai servi et à l'égard duquel ma loyauté n'a jamais été prise en défaut", a-t-il poursuivi.
Lors du fameux déjeuner, "à aucun moment nous n'avons évoqué les affaires", a assuré M. Fillon face aux juges.
- "Casser les pattes" -
Dans l'enregistrement réalisé par les journalistes du Monde lors de leur entrevue avec M. Jouyet le 20 septembre, ce dernier raconte que l'ancien Premier ministre exhorte à "taper vite" pour empêcher Nicolas Sarkozy de revenir, lui "casser les pattes".
"Aucun des mots qui me sont prêtés ne correspondent à mon vocabulaire", a tenu à préciser M. Fillon, ajoutant qu'il n'a "jamais tutoyé M. Jouyet".
Après avoir démenti dans un premier temps, le secrétaire général de l'Elysée avait finalement affirmé dans une déclaration à l'AFP que François Fillon avait évoqué lors de ce déjeuner l'affaire Bygmalion et celle des pénalités infligées à Nicolas Sarkozy pour dépassement de ses dépenses de campagne en 2012, qui ont été réglées par l'UMP.
Absent à l'audience, Jean-Pierre Jouyet est représenté par son avocat, Me Jean Veil. Sa position consiste à contester l'interprétation de ses dires faite par les journalistes du Monde et à soutenir qu'il a été enregistré à son insu.
Le troisième homme présent le 24 juin, Antoine Gosset-Grainville, ami de MM. Jouyet et Fillon, défend la version de ce dernier.
Cité comme témoin, raide à la barre, il a assuré que les "affaires" n'ont pas été évoquées lors de ce fameux déjeuner.
L'enregistrement du récit du fameux déjeuner fait par M. Jouyet doit être diffusé à l'audience, dans l'après-midi.
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