Confident, financier, notaires, avocats, homme de confiance ou d'affaires: neuf hommes, dont l'ex-ministre UMP Eric Woerth, soupçonnés d'avoir profité à divers degrés de la vulnérabilité de Liliane Bettencourt, la richissime héritière de L'Oréal, seront fixés ce jeudi sur leur sort trois mois après avoir été jugés à Bordeaux.
Le tribunal correctionnel de Bordeaux se prononce par la même occasion sur un autre volet de la tentaculaire affaire, jugé fin mars: un présumé "trafic d'influence" autour d'une légion d'honneur, dans lequel Eric Woerth et l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, sont aussi tous deux poursuivis.
Sommes vertigineuses et rancoeurs étalées au grand jour dans un monde d'ultra-riches: les juges bordelais se sont plongés pendant près de cinq semaines dans les déchirements familiaux et luttes de clans autour de la femme la plus riche de France (36 milliards d'euros).
Le tribunal a notamment tenté de démêler les dons et legs de la 10e fortune mondiale à son entourage, des largesses - se comptant parfois en centaines de millions d'euros - qui ont pu lui être soutirées alors que son état de santé déclinait.
Le tout sur fond de débat entre spécialistes sur les capacités de discernement, manifestement fluctuantes, dont jouissait entre 2006 et 2011 la multimilliardaire âgée aujourd'hui de 92 ans. Atteinte de la maladie d'Alzheimer et sous tutelle, elle n'a pas assisté au procès.
Sur les dix prévenus poursuivis pour abus de faiblesse, blanchiment et complicité (simple "recel" dans le cas d'Eric Woerth), seuls huit ont finalement comparu.
Alain Thurin, ex-infirmier de la vieille dame, a tenté de se suicider la veille du procès et n'a pu être jugé. Il est à présent "sorti du coma et en convalescence", a indiqué à l'AFP une source judiciaire, sans plus de précision. Si son état de santé le permet, l'ex-infirmier devrait théoriquement être jugé seul à Bordeaux, à une date ultérieure.
L'ex-gestionnaire de l'île seychelloise des Bettencourt, Carlos Vejarano, ne s'est pas présenté non plus, faisant valoir des raisons médicales.
- Prison ferme requise contre quatre prévenus -
Le procureur a requis la peine maximale -- trois ans de prison ferme et 375.000 euros d'amende -- contre le photographe François-Marie Banier, 67 ans, qui a invariablement invoqué à l'audience "le plaisir de donner" de son amie Liliane, une femme "extrêmement généreuse" qui avait, selon lui, "toute sa tête". Trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, et 375.000 euros d'amende, ont également été requis contre Patrice de Maistre et le compagnon de Banier, Martin D'Orgeval. De la prison ferme a été également réclamée contre Vejarano.
La relaxe a en revanche été demandée pour Eric Woerth, qui a démenti formellement avoir touché de l'argent de Patrice de Maistre. Relaxe réclamée aussi pour l'entrepreneur audiovisuel Stéphane Courbit, l'avocat Pascal Wilhelm et l'un des deux notaires poursuivis.
Dans le volet "trafic d'influence", le même procureur, Gérard Aldigé, a requis un mois plus tard la relaxe pour MM. Woerth et de Maistre. Le premier était soupçonné d'avoir remis la légion d'honneur au second en échange d'un emploi pour son épouse auprès des Bettencourt, ce que les deux hommes ont formellement nié.
Dossier hors normes, surgi en 2007 d'un conflit mère-fille ayant viré au feuilleton politico-financier dans lequel l'ex-président Nicolas Sarkozy, un temps mis en examen, bénéficia finalement d'un non-lieu, l'affaire Bettencourt multiplie les rebondissements: une vielle amie, deux ex-employées, puis l'ancienne infirmière de l'héritière de L'Oréal, citées comme témoins au procès, ont été mises en examen à Paris pour "faux témoignages".
Il s'agit d'une procédure distincte, ouverte après des plaintes de Banier et de Maistre en 2012, qui s'était déjà traduite par la mise en examen pour le même chef, fin 2014, de l'ex-comptable de la milliardaire, Claire Thibout. La principale accusatrice des deux hommes, interrogée via visioconférence, a maintenu ses déclarations au procès.
Bordeaux n'en aura pas pour autant fini jeudi avec l'affaire Bettencourt. Les 8 et 9 juin, la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez doit y comparaître dans le volet "violation du secret professionnel". A une date encore indéterminée doit enfin s'y tenir le procès pour "atteinte à l'intimité de la vie privée" de cinq journalistes et de l'ex-majordome de Liliane Bettencourt, Pascal Bonnefoy, auteur des enregistrements clandestins qui précipitèrent l'affaire.
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