La colère s'amplifie à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris contre le projet de réforme des 35 heures du directeur général Martin Hirsch, avec une nouvelle journée de mobilisation, jeudi, à l'appel des syndicats qui en réclament le "retrait pur et simple".
Après une réunion avortée, mardi, avec Martin Hirsch, l'intersyndicale a appelé les agents de l'AP-HP à une grève "massive", une semaine après la première, et prévu un nouveau rassemblement devant le siège de l'AP-HP à partir de 11h00.
"Bien évidemment, nous recevrons les syndicats jeudi", a assuré de son côté la direction de l'AP-HP.
La grève du 21 mai avait été suivie par 50% des agents, selon les syndicats, 34% selon la direction.
Si le directeur général "ne nous entend toujours pas, on a prévu d'aller plus loin et d'aller voir ses tutelles. C'est bien Marisol Touraine qui donne sa feuille de route à M. Hirsch", dit à l'AFP Olivier Youinou (SUD Santé). La ministre de la Santé a assuré à plusieurs reprises que le directeur général avait toute sa "confiance" pour négocier.
Des négociations sur le projet de réorganisation du temps de travail des 75.000 personnels (hors médecins) des 38 hôpitaux de l'AP-HP avaient été initialement envisagées ce jeudi.
Pour le patron de l'AP-HP, une réorganisation s'impose pour s'adapter aux nouveaux modes de prise en charge (avec le développement de la chirurgie ambulatoire notamment), améliorer les conditions de travail et préserver plus de 4.000 postes. Une réforme permettrait d'économiser 20 millions d'euros, selon l'AP-HP.
Mais les syndicats, s'ils admettent l'idée de revoir l'organisation du travail, refusent que ce soit au prix de nouvelles réductions de moyens.
- 'On sera sous ses fenêtres' -
Mardi, l'AP-HP avait souligné que le dialogue n'était "pas complètement rompu". "La balle est dans le camp des syndicats", après les nouvelles propositions de la direction offrant notamment des garanties sur le niveau et la qualité de l'emploi, avec le "maintien des effectifs au lit du malade", mais aussi une nouvelle vague de titularisation de CDD et un meilleur accès au logement.
"Il ne s'agit pas de logement ou autre mais du retrait de son projet. Il faut que Martin Hirsch réponde à la colère qui s'amplifie. Il a ouvert une boîte de Pandore. Il est de plus en plus isolé. S'il lui faut une piqûre de rappel, il l'aura ce jeudi. On espère que cela l'aidera à développer les anticorps nécessaires", poursuit le délégué SUD. "On sera sous ses fenêtres. L'intersyndicale attend son invitation s'il se dit prêt à négocier. Cela dépend de lui", assure-t-il.
Pour sa part, Martin Hirsch a assuré mercredi à l'AFP que le dialogue social était "plus que jamais" son cheval de bataille. "Tous les syndicats sont pour une mobilisation tonique. Nous voulons le retrait du projet et amplifier le rapport de force. Nous verrons quand M. Hirsch souhaite entamer la négociation", renchérit Marianne Journiac de la CGT.
Dans un communiqué de soutien aux personnels, FO réaffirme qu'"il faut savoir ne pas s'entêter".
Depuis que le directeur général a annoncé son intention de réorganiser le temps de travail dans les hôpitaux parisiens, les relations entre direction et syndicats sont très tendues.
Par manque de personnel, les repos non pris s'accumulent sur les comptes épargne temps -- représentant 74,7 millions d'euros fin 2014, selon la direction. Une réduction des plages horaires journalières permettrait de diminuer les RTT.
Mais les syndicats redoutent leur suppression, comme celle de jours exceptionnels octroyés pour événements familiaux ou l'ancienneté, et un accroissement de la charge de travail, quand nombre d'agents font déjà des dépassements d'horaires.
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