"Quatre histoires qui donnent chair et visage à la République, en en rappelant les valeurs": François Hollande a rendu un hommage solennel mercredi à Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Jean Zay avant leur entrée au Panthéon.
"Admirables, sans avoir voulu être admirés, reconnus, sans avoir cherché à être connus, célébrés, sans avoir imaginé être célèbres", ces "quatre grands Français incarnent la Résistance, l'esprit de la Résistance, l'esprit de résistance", a encore lancé le chef de l'Etat devant leurs cercueils déposés sur des catafalques blancs.
Portés par des gardes républicains depuis la Sorbonne voisine et escortés par un cortège de 144 proches, résistants, responsables associatifs, lycéens et étudiants très émus, leurs cercueils ont fait leur entrée à 17H15 sur le parvis du Panthéon.
Pour l'occasion, des portraits géants des quatre "panthéonisés" signés par l'artiste Ernest Pignon-Ernest ont été tendus entre les colonnes de ce temple républicain.
François Hollande l'avait souligné le 21 février en annonçant les noms des quatre personnalités choisies: l'ethnologue Germaine Tillion représente à ses yeux "l'égalité entre les hommes et les femmes, entre les cultures, entre les peuples".
Geneviève de Gaulle-Anthonioz, ancienne présidente d'ATD Quart-Monde et nièce du général de Gaulle, "c'est la fraternité" avec "les plus pauvres, les oubliés, les exclus, les relégués", poursuivait-il.
L'intellectuel et journaliste Pierre Brossolette, "c'est la liberté" de celui qui se suicida sans avoir parlé après deux jours de torture par la SS.
Quant à Jean Zay, ministre de l'Education du Front populaire assassiné en juin 1944 par des miliciens, "c'est la laïcité", mais aussi "la République, l'école de la République".
- L'hémicycle tout entier -
Pour l'ex-Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin, si François Hollande s'apprête à donner "un grand cours d'histoire toujours utile aujourd'hui", les Français attendent plutôt de lui une baisse du chômage.
Jugeant cette réaction "nulle et pas digne d'un homme d'Etat", Jack Lang qui fut l'artisan des panthéonisations de l'ère Mitterrand a estimé dans un entretien à l'AFP que la cérémonie n'était "pas une récupération, bien au contraire". "Que dirait-on d'un président qui tournerait le dos à l'histoire?" s'est-il interrogé.
Le secrétaire général du PCF, Pierre Laurent, a lui regretté l'absence de Résistant communiste parmi ces panthéonisés.
Ouvrant la séance des questions au gouvernement, le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone (PS) leur a rendu hommage et tout particulièrement à Jean Zay qui fut député radical, avant que l'hémicycle tout entier se lève pour applaudir.
Le Panthéon, dont le fronton proclame la devise "Aux grands Hommes la patrie reconnaissante", n'accueillait jusqu'ici que deux femmes sur 71 personnalités, la physicienne Marie Curie, Prix Nobel de physique puis de chimie, et Sophie Berthelot, qui n'y repose toutefois qu'en sa qualité d'épouse du chimiste Marcellin Berthelot.
Deux autres femmes les rejoindront donc, le président Hollande ayant innové par sa décision d'y faire transférer simultanément les cendres de quatre personnalités selon une parité très symbolique.
Cinquante ans plus tôt, le 19 décembre 1964, un autre grand résistant faisait son entrée au Panthéon, Jean Moulin, accueilli par le discours historique d'André Malraux ("Entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège").
A l'exception de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing, tous les prédécesseurs de François Hollande sous la Ve République ont usé de cette prérogative présidentielle: choisir et accompagner de grandes figures républicaines sous l'immense coupole, au c?ur du Quartier Latin.
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