Myriam Badaoui, mère violeuse et personnage clé de l'affaire Outreau, a disculpé Daniel Legrand, un des acquittés d'Outreau poursuivi pour des accusations non encore jugées de viols sur ses fils, tout en chargeant lourdement, mercredi à Rennes, le juge Fabrice Burgaud qui avait en charge l'instruction de cette affaire.
"Ce jeune-là, je le connais ni d'Eve ni d'Adam, on l'a retiré de son enfance à cause de mes mensonges Pas que les miens, mais surtout les miens", a déclaré Mme Badaoui en pleurant, dès le début de son témoignage devant la cour d'assises pour mineurs d'Ille-et-Vilaine. "Ce jeune homme n'a rien demandé à personne, je lui ai brisé sa vie".
Arrivée au tribunal la tête dissimulée sous une couverture peu avant 9h, très amincie par rapport à son apparence au moment des procès de 2004 et 2005, Mme Badaoui, 46 ans, portait en arrivant à la barre une veste à capuche bleue et les cheveux dissimulés par un foulard beige.
Mais celle qui avait été surnommée la "reine Myriam" tant ses revirements avaient pesé sur les deux mois d'audience du premier procès "Outreau" à Saint-Omer, en 2004, a cette fois lourdement chargé, pour expliquer ses mensonges nombreux et circonstanciés, le juge Fabrice Burgaud. C'est de magistrat qui, en 2001 et 2002, dirigeait l'instruction de cette affaire, un "fiasco judiciaire" qui s'est soldé par l'acquittement de 13 des 17 accusés.
"Dans le bureau de M. Burgaud, pour la première fois j'avais un homme devant moi qui m'écoutait et (pour) qui j'avais beaucoup d'importance", a-t-elle expliqué à la barre, pressée de questions par le président Philippe Dary au sujet de ses dépositions détaillées sur lesquelles reposait en grande partie cette affaire de "réseau pédophile présumé".
- "J'ai beaucoup menti" -
"Après, quand je rentrais en cellule, je me disais: +tu dis n'importe quoi+ et quand je voulais revenir sur mes déclarations, il (le juge) me disait que j'étais une menteuse", a-t-elle ajouté d'une voix cassée, pleurant toujours. "C'est très difficile parce que des vies ont été détruites et M. Burgaud m'a pas aidée non plus".
"Lorsque je disais la vérité, le juge n'était pas content, il tapait du poing sur le bureau et il m'a parlé de Daniel Legrand en me montrant des photos, il m'a dit qu'il avait eu un problème en Belgique", a expliqué Mme Badaoui. "Et c'est pareil pour M. (Alain) Marecaux (un autre des acquittés d'Outreau, ndlr), quand je donnais un nom qui lui convenait pas (au juge, ndlr), il me parlait d'autres personnes".
"Le juge m'a montré des photos, il m'a cité sur les photos les gens dont les enfants avaient parlé", a-t-elle ajouté.
Interrogé lui-même longuement vendredi en visioconférence, M. Burgaud avait été mis en difficulté sur plusieurs points de faiblesse de son instruction par le président Philippe Dary. Mais il avait démenti avoir suggéré à Myriam Badaoui, lors d'un interrogatoire, le nom de Daniel Legrand et de son père homonyme, également acquitté, décédé depuis.
"Même par amour pour mes enfants je ne veux plus mentir (). J'ai beaucoup menti et je m'excuse auprès de mes enfants, mais je ne peux plus mentir pour faire plaisir", a-t-elle encore déclaré, alors que deux de ses fils, Chérif et Jonathan, affirment que Daniel Legrand était un de leurs agresseurs.
Mardi, l'ex-mari de Mme Badaoui, Thierry Delay, condamné à vingt ans de réclusion pour les viols de ses enfants, avait lui aussi disculpé Daniel Legrand lors d'un témoignage par vidéoconférence. Et comme son ex-mari, Myriam Badaoui a affirmé que seuls Thierry Delay, elle-même et un couple de voisins, tous condamnés en 2004, avaient violé ses enfants. Elle a en outre indiqué que seuls ses quatre fils avaient été victimes de ces viols.
"C'est plus qu'une emprise, c'est comme s'il (Thierry Delay) arrivait à commander ma tête Il me battait, j'avais énormément peur de lui", a-t-elle avancé pour tenter d'expliquer les agressions de ses fils.
Condamnée en 2004 à 15 ans de réclusion criminelle, Mme Badaoui a été libérée en 2011 aux deux-tiers de sa peine. Sans profession, elle vit dans un centre d'accueil.
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