L'art gothique parisien inspirateur des artistes toscans: l'exposition "D'or et d'ivoire, Paris, Pise, Florence, Sienne 1250-1320" au Louvre-Lens, met en lumière jusqu'au 28 septembre cet aspect méconnu des origines de la Renaissance.
"Les 125 oeuvres révèlent l'influence exercée par les représentants parisiens du gothique rayonnant sur les sculpteurs et peintres toscans de la fin du XIIIe, dans une aire culturelle qui deviendra le berceau de la première Renaissance", explique le Louvre-Lens dans sa présentation.
L'exposition, selon la direction du musée, "est la toute première à se pencher sur ce phénomène d'une extrême importance pour l'histoire de l'art", à travers la présentation de statuaires monumentales, de peintures à fond d'or, mais aussi de manuscrits enluminés ou d'émaux prêtés par une vingtaine de musées européens.
En 1250, Paris est déjà l'une des plus grandes villes européennes, comptant près de 300.000 habitants, concentrée essentiellement sur l'île de la Cité, et qui se rebâtit dans le sillage de l'établissement de l'université et la présence d'une riche aristocratie internationale.
"Paris connaît alors une révolution similaire à celle qu'elle connaîtra sous Haussmann au XIXe", explique Marie-Lys Marguerite, directrice des musées de Saint-Omer et commissaire de l'exposition.
"L'ampleur des chantiers fait qu'un art nouveau se développe, avec un goût du décor et de la préciosité", note Xavier Dectot, directeur du musée du Louvre-Lens, également commissaire, soulignant que "Paris s'impose comme la capitale du luxe".
"Les artistes portent un regard non pas vers un monde idéal, détaché du temps, mais vers un monde actuel, avec des gens habillés à la mode du temps", poursuit-il. "La descente de croix", chef d'oeuvre de l'ivoirerie parisienne (1270-1280) avec un remarquable sens du mouvement et des drapés creusés, en atteste.
A contrario, à cette époque, l'art toscan autour des trois principales villes que sont Pise, Florence et Sienne, est lui encore ancré dans la tradition byzantine, avec des attitudes figées.
- Goût pour l'expressivité -
Mais dans la seconde moitié du XIIIe, des artistes comme Cimabue ou Nicola Pisano vont jeter un nouveau regard sur l'antiquité et sur la nature - portant en eux les germes du "Rinascimento" (fin XIVe-début XVe) - et vont mêler à leurs oeuvres des éléments venus de Paris, notamment des drapés et des postures inspirés de l'art gothique, nommé alors "art français".
Certes, les grands artistes toscans ne voyagent pas, tant ils sont occupés dans leur atelier à répondre aux nombreuses commandes, "mais les marchands italiens sont eux très présents à Paris et les petits objets, notamment les ivoires et les orfèvreries, circulent également beaucoup", note Mme Marguerite.
Ainsi, Giovanni Pisano, dans son remarquable "Christ crucifié" (1290-1300) en ivoire, développe un goût pour l'expressivité, sans doute héritier de l'art parisien.
"Mais ces artistes italiens de premier plan ne se contentent pas de copier, ils s'approprient plutôt une autre tradition artistique", dit M. Dectot.
L'exposition s'achève avec des statuettes du tombeau du pape Jean XXII d'Avignon car après 1315 Paris "va entrer dans une lutte avec Londres" et "un autre dialogue entre l'Italie et la France va s'ouvrir avec l'ouverture des chantiers d'Avignon, où les papes vont faire venir des artistes siennois rencontrer des artistes du sud", explique M. Dectot.
"D'or et d'Ivoire" est la sixième exposition réalisée au Louvre-Lens, inauguré en décembre 2012. "Renaissance" avait attiré 151.000 visiteurs, avant "L'Europe de Rubens" (125.000), "Les Etrusques et la Méditerranée" (98.000) "Les désastres de la guerre" (86.000) et "Des animaux et des pharaons" (106.000).
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