Après un dernier reportage au Bangladesh, Gilles Saussier se dégage définitivement de la photographie de commande pour entamer un nouveau cycle créatif dans lequel la photographie se meut en médium critique. L’exposition s’appelle specific site, mais plus de lieu il s’agit d’humain. «A travers quatre de mes séries, je propose au visiteur de pénétrer au coeur de mon processus photographique. Je procède par enquêtes documentaires car mes photographies sont toujours liées à un contexte précis. En cela j’exploite mon héritage de photographe documentaire, mais je m’en dégage aussi. Car pour moi la photographie est un moyen d’instaurer un dialogue». Gilles Saussier aime particulièrement citer Henri Michaux qui dans Un barbare en Asie remarque qu’il n’est plus possible de photographier sans interaction. Le photographe est donc aussi un sujet d’observation.
Témoignage
Dans sa série Envers des villes, endroits des corps, Gilles Saussier focalise son attention sur les habitants d’une barre d’immeuble vouée à la destruction dans le quartier de Malakoff à Nantes. Il choisit d’inclure dans ses tirages photographiques un miroir. «Cette série a bien sûr ensuite été présentée aux habitants de ce quartier, qui se sont ensuite réappropriés le dispositif. Pour moi la photographie doit avant tout questionner et ne doit pas se figer». Renouvelant les codes du portrait, Gilles Saussier inscrit sa démarche dans une visée anthropologique et documentaire.
Portait chinois
La photographie n’est qu’un élément de sa pratique, en témoigne cette installation au milieu de l’exposition : «Il s’agit de la table de travail de mon père sur lequel de nombreux documents étaient amoncelés, si bien que de son vivant je n’ai pas vu pendant des années le plateau de cette table. A sa mort, j’ai voulu la conserver dans cet état. C’est une sorte de portrait de mon père. Cette table croulant sous le poids des livres symbolise pour moi l’importance de la transmission. Ce sont tous ces documents qui m’ont permis de me forger une culture visuelle ».
L'oeuvre décodée
L’exposition révèle tout ses secrets dans des visites guidées le 25 juin et le 2 juillet et se complète par de nombreuses animations dans les murs et hors les murs dont la plus originale consiste à découvrir le jardin de l’artiste aux Andelys, exceptionnellement ouvert au public le samedi 18 juillet, un jardin conçu bien sûr en lien avec sa pratique artistique.
Pratique. Jusqu’au 23 août. FRAC Haute Normandie à Sotteville-lès-Rouen. Entrée libre. Tél. 02 35 72 27 51
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.