Nicolas Hatot, conservateur des collections médiévales du musée nous explique les enjeux de ce trésor d’un point de vue muséographique et historique.
Dans quelles conditions le trésor a-t-il intégré les collections ?
« C’est un particulier qui l’a découvert par hasard sur son terrain en 2012. Quand l’inventeur est le propriétaire du terrain, le trésor lui appartient dans son intégralité, mais il se doit de le déclarer à la DRAC. Celle-ci a contacté un numismate danois pour analyser et dater cette découverte, puis après avoir reçu l’aval du cabinet des monnaies de la BNF et le département des objets d’art du Louvre, le musée des Antiquités a pu se porter acquéreur de ce trésor exceptionnel : un achat financé à 25% par le Département et à 75% par le cabinet du ministre grâce au fond du patrimoine. »
En quoi ce trésor est-il exceptionnel ?
« C’est le trésor monétaire le plus important de la fin du Moyen-Age conservé dans son intégralité dans un musée français. Les politiques d’achat des musées étaient tout autre au 19e, on divisait bien souvent un trésor pour alimenter différentes collections. Mais c’est un atout de posséder un trésor dans son intégralité car il nous renseigne sur les monnaies en circulation à un moment donné, sur la production de monnaie et sur les échanges commerciaux. De plus quelques anneaux sont conservés avec ce trésor. L’un d’eux est gravé d’une devise d’amour courtois, une thématique rarement illustrée dans nos collections mais qui va nous permettre de développer d’avantage ce sujet en visite guidée. »
Comment le trésor a-t-il pu être daté ?
« Nous avons estimé que la date d’enfouissement correspond à la date de la dernière monnaie émise parmi les 900 guénars (pièces en argent) et les deux agnels (pièces en or) du trésor. Nous sommes donc parvenus à dater ce trésor de 1417. C’est dans le contexte de la guerre de Cent Ans que ce trésor a été enterré. D’ailleurs certaines pièces ont été émises par des ateliers monétaires des ducs de Bourgogne, ennemis des Valois, dans le but d’affaiblir la monnaie émise par le roi : le trésor témoigne donc d’une guerre monétaire. »
Pratique. Le trésor sera exposé dans son intégralité jusqu’au 1e juillet. Musée des antiquités à Rouen. Tarifs 0 à 4€. Tél. 02 35 98 55 10
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.