L'Arabie saoudite a annoncé mardi sa 88e décapitation en moins de cinq mois, dépassant le total des exécutions enregistrées sur l'ensemble de 2014, en dépit d'inquiétudes répétées d'organisations des droits de l'Homme.
La décapitation mardi de trois Saoudiens, condamnés à mort pour trafic de drogue et meurtre, porte à 88 le nombre d'exécutions depuis le 1er janvier dans ce royaume ultraconservateur du Golfe, contre 87 pour toute l'année dernière, selon un décompte de l'AFP.
Dans des communiqués publiés par l'agence officielle SPA, le ministère de l'Intérieur a annoncé la décapitation dans la région de Jawf (nord) d'Awad al-Rowaili et Lafi al-Shammary, reconnus coupables de trafic d'amphétamines, et dans la région d'Assir (sud) de Mohammed al-Shihri, condamné pour avoir poignardé un compatriote.
De nombreux étrangers figuraient parmi les personnes exécutées depuis janvier, dont au moins 8 Yéménites et 10 Pakistanais et des ressortissants de Syrie, de Jordanie, d'Indonésie, de Birmanie, des Philippines, d'Inde, du Soudan, du Tchad et d'Erythrée.
A la mi-avril, Sitti Zeineb, une employée de maison indonésienne, condamnée à mort pour meurtre, avait été exécutée en dépit d'informations sur de possibles troubles mentaux.
Le gouvernement de Jakarta avait convoqué l'ambassadeur d'Arabie saoudite, lors d'un rare incident diplomatique lié aux exécutions dans le royaume.
Dans le rapport 2014 d'Amnesty international, l'Arabie saoudite figurait parmi les pays qui exécutent le plus de personnes dans le monde avec la Chine, l'Iran, l'Irak et les Etats-Unis.
Viol, meurtre, apostasie, vol à main armée et trafic de drogue sont passibles de la peine capitale dans le royaume saoudien, régi par une version rigoriste de la loi islamique.
- 'sans défense' -
Le nombre d'exécutions, qui se font en public par décapitation a augmenté à la fin du règne du roi Abdallah, décédé le 23 janvier, et leur cadence s'est accélérée avec l'accession au trône de Salmane, ce qu'Amnesty a qualifié de "rythme macabre" sans précédent.
Les militants des droits de l'Homme ne peuvent pas vraiment expliquer ce phénomène et les autorités gardent le silence sur le nombre croissant des décapitations, appliquées après leur approbation par le chef de l'Etat.
L'Organisation saoudo-européenne pour les droits de l'Homme, basée à Berlin, a indiqué dans un récent rapport que la peine de mort était "souvent appliquée à des personnes sans défense".
Son directeur, Ali Adubisi, a dit à l'AFP que des facteurs économiques pourraient être liés au trafic de drogue, car les personnes qui se livrent à ces activités "sont pauvres".
La plupart des décapitations concernent des affaires de drogue et de meurtre dans le royaume, premier exportateur mondial de pétrole.
Mais Amnesty International a rappelé que seuls les auteurs de "meurtre avec préméditation" sont passibles de la peine capitale selon les normes du droit international.
Elle a estimé que les procédures judiciaires dans le royaume sont "loin" d'obéir à des standards d'équité.
"Les procès dans les affaires de peine de mort sont souvent tenus dans le secret. Les accusés sont rarement autorisés à se faire assister d'avocats" et peuvent être reconnus coupables uniquement sur la base de leurs "aveux", selon l'organisation.
Pour faire face au nombre croissant de condamnés à mort, le gouvernement a publié la semaine dernière une offre d'emploi pour le recrutement de huit bourreaux, précisant qu'aucune qualification particulière ni expérience n'étaient requises pour ces postes qui consistent à "exécuter les condamnés à mort".
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