L'appui des joueurs et du public n'a pas suffi : Carlo Ancelotti, l'entraîneur du Real Madrid, a été limogé lundi au terme d'une seconde saison plus décevante que la première, qui l'avait pourtant consacré comme l'artisan de la 10e Ligue des champions du club.
Un an et un jour après la conquête de la "Decima", voilà le technicien italien (55 ans) débarqué sans ménagement, alors même que plusieurs figures du vestiaire, dont la star Cristiano Ronaldo, avaient publiquement plaidé sa cause.
"Au Real Madrid, l'exigence est maximale et c'est le moment de donner une nouvelle impulsion pour gagner de nouveaux titres et atteindre notre meilleur niveau", a déclaré le président madrilène Florentino Perez lors d'une brève conférence de presse au stade Santiago-Bernabeu.
Mais il n'a pas donné d'explications plus poussées, et il risque de peiner à trouver sur le marché un entraîneur de ce calibre et qui fasse autant l'unanimité.
Arrivé à l'été 2013, Ancelotti est entré dès sa première saison dans l'histoire du Real avec ce 10e sacre en C1, attendu depuis 12 ans. En bonus, il a conquis aussi la Coupe du Roi, la Supercoupe d'Europe et le Mondial des clubs.
A l'automne, alors que son Real enchaînait les victoires (22 consécutives), les supporteurs madrilènes plébiscitaient l'Italien, personnage bonhomme et apaisant.
Mais ses six derniers mois ont été plus mitigés: plombé par les blessures et un manque de rotation des cadres, le Real a échoué à la deuxième place du Championnat d'Espagne derrière le FC Barcelone, et a été éliminé par l'Atletico en huitièmes de Coupe du Roi, et en demi-finale de la C1 par la Juventus Turin.
- L'appui de Cristiano Ronaldo -
Ancelotti, désireux de rester en poste, disposait pourtant de deux atouts clés pour se maintenir: le vestiaire et le public.
Il aura réussi l'exploit de pacifier un effectif échaudé par les orages de l'ère José Mourinho (2010-2013), en défendant le gardien et capitaine Iker Casillas face aux critiques ou en répétant son admiration pour Cristiano Ronaldo.
Ce dernier, évoquant sur Twitter un "super entraîneur et un homme incroyable", l'avait d'ailleurs soutenu ce week-end.
Mais cet appui n'a pas suffi, pas plus que celui des "socios" (supporteurs-membres) du club, favorables à 73% à "Carletto" selon un sondage diffusé lundi par le quotidien sportif Marca. Le stade Santiago-Bernabeu a d'ailleurs acclamé le nom d'Ancelotti samedi lors de son ultime match (victoire 7-3 contre Getafe).
"Les joueurs lui ont manifesté leur affection, que je partage au même titre que les supporteurs. Cela ne m'a pas contrarié, je trouve très correct ce qu'ont dit les joueurs", s'est borné à dire Florentino Perez.
- Un successeur 'qui parle espagnol' -
Après avoir triomphé sur les bancs de l'AC Milan (2001-2009), de Chelsea (2009-2011) et du Paris SG (2011-2013), Ancelotti connaît trop bien le quotidien des grands clubs pour être surpris par ce renvoi.
Son cas rappelle d'ailleurs celui de Vicente del Bosque: l'Espagnol (1999-2003) avait également été remercié par Perez alors qu'il était apprécié du vestiaire et du public mais jugé pas assez "galactique".
Dans ce contexte, le successeur d'Ancelotti subira une forte pression.
La presse espagnole a évoqué les noms des Espagnols Rafael Benitez (Naples) et Michel (ex-Olympiakos), ou de l'Allemand Jürgen Klopp (sur le départ de Dortmund), sachant que celui du Français Zinédine Zidane, entraîneur de la réserve du Real, n'est plus cité parmi les candidats crédibles.
"Il serait très bien qu'il parle espagnol", a seulement dit Florentino Perez à propos du futur technicien, précisant que son nom serait annoncé "la semaine prochaine".
Ancelotti a affirmé quant à lui qu'il prendrait une année sabbatique en cas de départ. Afin, selon des déclarations au quotidien italien Il Giornale, de subir une opération des cervicales. Et, sans doute, d'évacuer la déception de cette histoire achevée précipitamment.
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