Les Polonais ont opté pour le changement avec l'élection à la présidence du jeune conservateur Andrzej Duda, en attendant les législatives de l'automne et un retour éventuel à la tête du gouvernement de son mentor, le populiste Jaroslaw Kaczynski.
M. Duda, dont la victoire a immédiatement été reconnue par le chef de l'Etat sortant Bronislaw Komorowski, prendra ses fonctions le 6 août et entamera une période de cohabitation délicate avec le gouvernement de ses adversaires libéraux de Mme Ewa Kopacz.
Elu avec 51,55% des suffrages, selon les résultats officiels, contre 48,45% à M. Komorowski, M. Duda a été propulsé à la tête de l'Etat par le parti populiste Droit et Justice (PiS) de Jaroslaw Kaczynski, qui fut chef du gouvernement entre 2006 et 2007 sous la présidence de son frère jumeau, Lech, décédé dans un accident d'avion en Russie en 2010.
Le PiS présente un programme très proche de l'Eglise catholique sur les questions de société, nationaliste et eurosceptique en politique étrangère et a multiplié les promesses au plan social (abaissement de l'âge de la retraite, réduction des impôts pour les plus modestes).
Il espère profiter de la dynamique créée par la victoire de M. Duda pour remporter les législatives attendues fin septembre ou début octobre, et mettre ainsi fin à la cohabitation avec les libéraux.
Son chef, Jaroslaw Kaczynski, mènera la campagne du parti et briguera le poste de Premier ministre, ont annoncé lundi matin plusieurs responsables de la formation.
En Pologne les compétences du chef de l'Etat sont relativement limitées et c'est le gouvernement qui exerce le pouvoir réel.
- Félicitations de Poutine -
Traditionnellement, le président a son mot à dire sur la défense et la politique étrangère. A en juger par ses déclarations, M. Duda pourrait militer pour l'installation de bases américaines en Pologne et un soutien plus énergique à l'Ukraine. Selon un député européen du PiS, Ryszard Czarnecki, vice-président du Parlement européen, son premier voyage à l'étranger le mènera à Bruxelles et le deuxième à Kiev.
Sans même attendre les résultats officiels du scrutin, le président russe Vladimir Poutine a félicité lundi le nouveau président polonais élu, appelant à l'instauration de "relations constructives" fondées sur "les principes de bon voisinage et de respect mutuel", alors que les relations entre Moscou et Varsovie sont au plus bas depuis le début du conflit dans l'est de l'Ukraine il y a plus d'un an.
En politique intérieure, M. Duda pourrait chercher à bloquer un projet de loi autorisant la fécondation in vitro, à laquelle l'Eglise catholique est opposée. Lundi, au lendemain de sa victoire dans les urnes, M. Duda s'est rendu au sanctuaire marial Jasna Gora (sud), en "remerciement pour le soutien", dont il avait bénéficie, a-t-il dit.
C'est l'économie qui pourrait s'avérer pour lui le terrain le plus miné. Lors de sa campagne électorale, il avait promis de ramener l'âge de la retraite de 67 à 65 ans et de baisser l'impôt sur les revenus les plus modestes, en taxant plus lourdement les chaînes d'hypermarchés et les banques.
Des promesses qui, selon les experts interrogés par l'AFP, devraient rester sans effet immédiat.
Pour Witold Orlowski du cabinet PricewaterhouseCoopers, la baisse des impôts "n'est pas réalisable" et l'économie polonaise "ne risque aucun bouleversement fondamental à court terme".
- Du café pour les passants -
Après les législatives d'automne cependant, dit-il, "une éventuelle cohabitation avec un gouvernement hostile risquerait de paralyser la politique économique", tandis qu'un gouvernement du PiS "conduirait probablement une politique à la hongroise". Mais, ajoute-t-il, "il n'y a pas eu de catastrophe économique en Hongrie", où le Premier ministre populiste Viktor Orban est régulièrement accusé de dérives autoritaires.
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