L'armée irakienne n'a "pas montré de volonté de se battre" pour défendre la ville clé de Ramadi contre les jihadistes, a dénoncé dimanche le ministre américain de la Défense, en appelant les Irakiens et les tribus sunnites à "porter la victoire".
Les bombardements aériens de la coalition internationale menée par les Etats-Unis "sont efficaces mais rien ne peut remplacer la volonté des forces irakiennes de se battre", a déclaré Ashton Carter sur CNN.
A Ramadi, les soldats irakiens "dépassaient largement en nombre les forces opposées" mais "ils ne sont pas parvenus à se battre" et "se sont retirés de la zone", a regretté le chef du Pentagone.
Ces critiques interviennent une semaine après la prise par les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) de ce chef-lieu de la province sunnite d'Al-Anbar situé seulement à une centaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad.
M. Carter a défendu la stratégie des Etats-Unis qui ont mené, avec les autres pays de la coalition, quelques 3.000 frappes aériennes sur l'Irak et la Syrie depuis août 2014.
Les Américains fournissent aussi du matériel militaire à Bagdad et entraînent l'armée afin de la professionnaliser.
"Mais si nous leur fournissons un entraînement, des équipements et de l'aide, j'espère qu'ils se mettront à vouloir se battre parce que c'est seulement s'ils combattent que l'EI peut être vaincu", a fait valoir M. Carter.
- L'EI contrôle la frontière -
Les jihadistes ont continué à avancer ce week-end en prenant dimanche à l'aube le contrôle total du poste-frontière d'Al-Walid entre la Syrie et l'Irak, quelque 72 heures après la prise de son pendant syrien, Al-Tanaf. L'EI s'est de fait assuré le contrôle de deux routes principales reliant l'immense province irakienne d'Al-Anbar à la Syrie.
Cette dernière victoire survient une semaine après la prise de Ramadi et quelques jours après celle de Palmyre, historique cité syrienne inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco, deux des plus importants succès des jihadistes depuis un an.
A l'aube, deux kamikazes ont attaqué Al-Walid "depuis le côté syrien", a affirmé Marwan al-Hadithi, un garde-frontière. "Nous avons essayé de leur tirer dessus à la mitrailleuse, mais ils étaient très lourdement armés () On connait leur méthode. Ils commencent par des voitures piégées, puis ils entrent", a-t-il précisé à l'AFP depuis le poste-frontière de Trebil, avec la Jordanie, où il s'est retranché.
"Nous étions prêt à nous retirer", a-t-il encore dit, affirmant que son unité avait demandé à plusieurs reprises du renfort. "Nous avions décidé que nous ne resterions qui si des renforts arrivaient, et que nous nous retirerions à la première attaque sinon".
- Sauver Palmyre "pour l'humanité" ' -
Depuis le début de l'offensive de l'EI en Irak en juin 2014 l'armée irakienne est accusée régulièrement de fuir devant l'ennemi - par manque de moyens affirment les soldats. Un scénario qui s'est reproduit à Ramadi.
Renforcées par des tribus sunnites et des miliciens chiites, les forces irakiennes sont néanmoins parvenues à reprendre samedi Houssayba, à 7km à l'est de Ramadi.
Il est essentiel d'agir rapidement avant que les jihadistes n'organisent la défense de la ville en y disposant bombes et explosifs, technique qu'ils ont développée dans de nombreuses cités en Irak et en Syrie.
En Syrie, la prise de Palmyre pourrait permettre aux jihadistes de lancer des attaques contre la capitale Damas et Homs, troisième ville du pays, estiment des experts.
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