Les Espagnols vont pouvoir exprimer dimanche leur désir de changer la politique lors d'élections régionales et municipales où les Indignés pourraient ravir Barcelone, voire même Madrid, après des années de débats enflammés ayant fait émerger deux nouveaux partis.
Depuis début mai, la campagne a semblé aussi intense que celle qui précèdera sans doute les législatives prévues à la fin de l'année. Elle reste pleine de suspense, avec 30% d'indécis juste avant le scrutin.
Le chef du gouvernement Mariano Rajoy (Parti populaire, droite) s'est impliqué à fond, parcourant 14.000 km, tandis que Pedro Sanchez, secrétaire général du Parti socialiste (PSOE), en a fait 25.000.
Tout pour éviter une correction sévère attendue pour leurs formations, qui assisteront, selon les sondages, à la fin du bipartisme en place depuis plus de 30 ans au profit d'un "système à l'italienne".
Après presque six ans de crise, l'Espagne 2.0 pourrait commencer à les délaisser pour l'antilibéral Podemos, allié du parti grec Syriza ou Ciudadanos, de centre-droit, deux formations fondées par des trentenaires, le professeur de sciences politiques Pablo Iglesias et l'avocat Albert Rivera.
Trente-cinq millions d'électeurs - sur 46,5 millions d'habitants - sont appelés aux urnes et une forte hausse du vote des jeunes, attirés par ces partis, est attendue.
Ils devront renouveler 13 des 17 parlements régionaux, dans un pays où les pouvoirs des régions sont très importants, en particulier en matière d'éducation et de santé. L'hégémonie de la droite y est forte: elle tient 13 communautés autonomes.
Dimanche, les électeurs devront aussi choisir 8.122 maires, à commencer par ceux de Madrid, Barcelone et Valence, les trois plus grandes villes, dirigées par le Parti populaire (Madrid et Valence) ou des nationalistes conservateurs (Barcelone).
- traumatismes -
Ces élections interviennent après une crise ayant entraîné des traumatismes qui n'ont pas encore pu être soignés par la reprise amorcée en 2014 (+1,4%).
Des milliers de jeunes ont émigré pour fuir le chômage touchant la moitié d'entre eux et encore 23,7% de la population active. Le tout dans un climat délétère alimenté par d'innombrables affaires de corruption en pleine cure d'austérité.
D'où les difficultés du PP de convaincre du risque posé par les "expérimentations" des nouveaux partis comme Ciudadanos, accusé d'être prêt à s'allier au PSOE, ou Podemos, traité de formation "bolchévique" qui détruira les "libertés".
"Sortez dans la rue, sortez du jet privé, sortez de votre quartier de luxe et regardez la réalité de ce pays, M. Rajoy", a harangué Pablo Iglesias lors de son dernier meeting, vendredi sous le ciel bleu de Madrid, promettant de défendre les droits à un logement, à la santé, à l'éducation et la lutte contre la corruption.
"Cette campagne pour un changement politique est historique", a dit Albert Rivera qui promet une option "centrée, raisonnable, progressiste" et se veut également implacable contre la fraude.
Selon les derniers sondages, les deux grands partis seront forcés de nouer des alliances dans 12 régions pour gouverner.
Le scénario est identique pour les municipales où les plateformes citoyennes, notamment issues du mouvement des Indignés", sont nombreuses, avec deux belles confrontations à Madrid et Barcelone.
La première oppose "l'animal politique" du PP, Esperanza Aguirre, 62 ans, comtesse et ex-présidente du Sénat, de l'aile dure, capable de danser en robe traditionnelle et de promettre que la mairie "ne fera pas de zèle pour prélever les amendes", à Manuela Carmena, une ancienne juge de 71 ans.
Militante communiste opposée à Franco dans ses jeunes années, l'air doux, posé mais ferme, "Manuela", candidate d'une plateforme rassemblant Podemos et d'autres formations très à gauche a déclenché une vraie ferveur au sein de la gauche, y compris chez certains socialistes.
A Barcelone, Ada Colau, 41 ans, héroïne des "indignés", fondatrice d'une plateforme luttant contre les expulsions de logements, pourrait, elle, ravir la place à Xavier Trias, 68 ans, un nationaliste conservateur.
Des résultats partiels sont attendus à partir de 20h30 GMT (22h30), après onze heures de vote (entre 9h00 et 20h00 locales).
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