L'archevêque salvadorien Oscar Romero, défenseur des pauvres dont l'assassinat en 1980 avait eu un large écho en Amérique latine, a été béatifié samedi dans une ambiance festive à San Salvador, devant plus de 200.000 fidèles du monde entier.
"En vertu de notre autorité apostolique, nous procédons pour que le vénéré serviteur de Dieu, Oscar Arnulfo Romero Galdamez, évêque, martyr, pasteur selon le c?ur du Christ, évangélisateur et père des pauvres, témoin héroïque du royaume de Dieu, royaume de justice, fraternité, soit déclaré béatifié", a déclaré le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des Saints, lisant une lettre apostolique du pape François.
Il a fixé au 24 mars - date de sa mort - son jour de commémoration dans le calendrier liturgique.
Dans le public, des délégations de 57 pays, quatre présidents latino-américains (Salvador, Honduras, Equateur, Panama), six cardinaux et plus de 100 archevêques et évêques, aux tenues rouges et blanches.
Derrière eux, une marée humaine, amassée dès l'aube sur la place Salvador del Mundo, dans l'est de la capitale, avait sorti des parapluies bariolées pour se protéger du soleil pendant cette cérémonie de près de trois heures, conclue par des feux d'artifice.
A travers la foule, des religieux ont porté, protégée sous verre comme une relique, la chemise qu'avait Oscar Romero le jour sa mort, au milieu des chants et prières des fidèles enthousiastes, qui ont accueilli avec des applaudissements nourris l'annonce officielle de sa béatification.
- Un message d'actualité -
Une reconnaissance vécue comme une fête dans le petit pays d'Amérique centrale, où l'archevêque des "sans voix" est depuis longtemps une idole pour une partie de la population, et où son message reste d'une grande actualité, près de 30% des Salvadoriens vivant sous le seuil de pauvreté selon la Banque mondiale.
"Nous n'avons plus d'excuses, aujourd'hui l'héritage de monseigneur (Romero) est plus valable que jamais, la lutte pour les plus pauvres, les démunis", affirmait à l'AFP Luis Solorzano, membre d'une des communautés "romeristas" inspirées par son modèle.
"Il a lutté contre les idéologies, contre le mépris des pauvres, c'était son travail", témoignait Fernando Vellejo, Espagnol ayant fait le déplacement, affirmant que, dans sa communauté religieuse à Barcelone, Mgr Romero "est très aimé et admiré".
Dans le diocèse de Chicago aussi, "on connaît bien l'héritage de Mgr Romero", assurait l'Américaine Maureen Roy, saluant une cérémonie "merveilleuse".
Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre et appelé les soldats à ne plus tirer sur la foule, suscitant ainsi la colère des milieux les plus conservateurs de son pays : le 24 mars 1980, il était abattu en pleine messe par un tireur d'extrême droite.
Son assassinat avait eu un large impact dans toute l'Amérique latine, faisant de lui une véritable légende dans un continent majoritairement catholique où plusieurs régimes d'extrême droite luttaient alors contre des guérillas marxistes.
"Nous avons dans la famille un saint que tout le monde appelle déjà Saint Romero d'Amérique", s'exclamait samedi le frère cadet d'Oscar Romero, Gaspar, âgé de 85 ans, venu assister à la béatification, entouré d'une centaine de membres de la famille du religieux.
- Hommage de Barack Obama -
Le président américain Barack Obama a lui aussi rendu hommage, dans un communiqué, à l'archevêque Romero, "une inspiration pour le peuple au Salvador et dans les Amériques". "Aujourd'hui au Salvador, et dans toute l'Amérique centrale, les Etats-Unis sont guidés par la vision de l'archevêque Romero", a-t-il assuré.
La mort de cet archevêque dévoué aux plus démunis avait marqué le début d'une douloureuse guerre civile qui allait durer de 1980 à 1992 et faire 75.000 morts et au moins 7.000 disparus.
Encore aujourd'hui, le Salvador est sous la coupe des bandes criminelles, les maras, qui sèment la terreur dans la population.
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