La Birmanie a annoncé samedi le renvoi au Bangladesh de plus de 200 migrants secourus au large de ses côtes, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé que la "première priorité" restait de sauver les milliers d'hommes et des femmes perdus en mer dans le Sud-Est asiatique.
Ces 208 migrants, découverts entassés torse nu dans un bateau en bois, sont accueillis depuis vendredi près de la ville de Maungdaw, point de départ pour de nombreux bateaux bondés d'habitants locaux fuyant la Birmanie.
"Nous leur fournissons une assistance humanitaire. Après cela, nous les renverrons dans leur pays", a déclaré à l'AFP Zaw Htay, porte-parole de la présidence birmane, assurant être déjà "en contact avec les garde-frontières du Bangladesh".
Le bateau, remorqué vendredi matin, est le premier à bénéficier d'un sauvetage de la part des autorités birmanes depuis l'éclatement de la crise début mai, révélée par un durcissement de la politique de la Thaïlande, habituel pays de transit.
La Birmanie, en proie à un nationalisme bouddhiste antimusulman, est au coeur de ce problème régional, nombre des migrants qui prennent la mer appartenant à la minorité musulmane des Rohingyas dans ce pays. L'autre principal flux de migrants est le Bangladesh voisin.
Selon l'ONU, des milliers de migrants venant de Birmanie et du Bangladesh sont en perdition dans le golfe du Bengale alors que la mousson approche.
Plusieurs pays de la région ont assoupli leur politique cette semaine, sous la pression internationale: la Malaisie et l'Indonésie ont ainsi arrêté de repousser les bateaux.
Plus de 3.500 migrants ont été accueillis en Malaisie, en Indonésie et en Thaïlande. Ces pays ont insisté, comme la Birmanie, sur le fait que cet accueil n'était que temporaire, en attente de leur transfert vers un pays tiers.
Dans le cas de la Birmanie, s'ajoute le fait que la question des Rohingyas est taboue. Et l'opposante Aung San Suu Kyi elle même est muette sur le sujet depuis le début de la crise.
- Des bouddhistes en colère -
La décision de remorquer à terre ce bateau a suscité la colère des nationalistes bouddhistes extrémistes.
Le plus virulent d'entre eux, le moine Wirathu, connu pour ses diatribes antimusulmanes, a dénoncé sur sa page Facebook vendredi un accueil réalisé "sous la pression internationale".
"Si l'on porte secours à ces gens, le danger viendra", a-t-il ajouté.
En visite dans la région, à Hanoï, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé les pays de la région à ne pas relâcher leurs efforts, rappelant que la "première priorité" était de sauver les vies des milliers de migrants en perdition en mer.
"Lorsque les gens sont à la dérive en mer, la première priorité est d'aller à leur recherche, de les sauver et de leur fournir une assistance humanitaire", a déclaré le secrétaire général de l'ONU aux journalistes.
Il a exprimé l'espoir que les pays de la région s'attaqueraient aux "racines" de l'exode des Rohingyas, minorité persécutée en Birmanie, et de
Bangladais fuyant la misère, lors d'une conférence régionale prévue en Thaïlande le 29 mai.
Mais la Birmanie, qui a d'abord envisagé de ne pas participer à cette conférence, ne donne pas de signe de vouloir reconnaître ou améliorer les conditions de sa minorité rohingya afin de mettre fin à leur exode.
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