Près de 300.000 personnes sont attendues samedi à San Salvador pour assister à la cérémonie de béatification d'Oscar Romero, l'archevêque qui avait pris la défense des paysans sans terre, représentant d'une Eglise engagée en Amérique latine, assassiné en 1980.
Depuis plusieurs jours, la capitale salvadorienne vit dans un climat de fête, et le visage de ce religieux, déjà une idole dans une large partie du pays, s'étale sur de grandes affiches dans les rues principales de la ville.
La cérémonie, à laquelle participeront six cardinaux, plus de 100 archevêques et évêques et quatre présidents d'Amérique latine (Salvador, Honduras, Equateur, Panama), débutera à 10h00 heure locale (16h00 GMT).
Elle sera présidée par le cardinal Angelo Amato, envoyé spécial du pape François et préfet de la Congrégation pour les causes des Saints.
Vendredi, environ 4.000 personnes, des salvadoriens et des étrangers, ont bravé la pluie pour entamer une procession en hommage à Mgr Romero, dans les rues de San Salvador, a constaté un journaliste de l'AFP. Entonnant des cantiques et scandant "Que vive Monseigneur Romero, le Saint de l'Amérique", les pèlerins se sont rassemblés autour de la cathédrale de la ville, dont la crypte abrite les restes de l'archevêque.
Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, s'était fait connaître en devenant l'archevêque des "sans voix", défenseur de la justice sociale.
Le Salvador sortait alors d'une dictature militaire, mais son climat restait agité, opposant un gouvernement conservateur et une guérilla d'extrême gauche, le Front Farabundo Marti, aujourd'hui au pouvoir.
Le 24 mars 1980, il était abattu en pleine messe par un tireur d'extrême droite.
Son frère Gaspar, 85 ans, se rappelle encore ce jour: "Cela a été une douleur pour laquelle il n'y a pas remède et je me suis dit: quelle ingratitude dans ce qu'ils ont fait, ils ont tué un saint", raconte-t-il dans un entretien à l'AFP.
Il se réjouit toutefois qu'aujourd'hui Oscar soit reconnu comme "Saint Romero d'Amérique, le saint des pauvres".
"C'est le pasteur que Dieu nous a envoyé", témoigne Romeo Barquero, étudiant de 23 ans venu vendredi chanter des chants religieux avec d'autres jeunes près de l'estrade où aura lieu la béatification.
"Je n'ai pas pu le connaître car ils l'avaient déjà tué quand je suis né, mais je le vois comme un espoir de temps meilleurs pour mon pays, qui souffre tant avec la violence et la pauvreté", confie-t-il.
- "Une légende" -
Dans ce pays d'Amérique centrale où près de 30% de la population est pauvre selon la Banque mondiale, la mort de cet archevêque dévoué aux plus démunis, qui venait d'appeler les soldats à désobéir aux ordres de tirer sur la foule, avait marqué le début d'une douloureuse guerre civile qui allait durer de 1980 à 1992 et faire 75.000 morts et au moins 7.000 disparus.
Encore aujourd'hui, le Salvador est sous la coupe de nombreuses bandes criminelles, les maras, qui sèment la terreur dans la population.
Alors que 285.000 personnes sont attendues pour la cérémonie, dont beaucoup d'étrangers, les autorités ont déployé 3.700 policiers et soldats pour sécuriser la zone.
"L'occupation hôtelière à San Salvador et autour est de 100%", avec des pèlerins en provenance d'Europe, des Etats-Unis et d'Amérique du Sud, a expliqué le ministre du Tourisme José Napoleon Duarte.
"Mgr Romero était une légende quand je suis née, et toute ma vie j'ai entendu parler de lui", témoigne Christie McNeil, Canadienne de 28 ans qui a fait le déplacement.
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