Un Gérard Depardieu monumental et une Isabelle Huppert gracile se sont retrouvés vendredi à Cannes dans "La Vallée de l'amour", film qui les voit errer sous une chaleur écrasante dans la Vallée de la mort à la recherche de leur fils disparu.
Les deux icônes du cinéma français n'avaient pas partagé l'affiche depuis "Loulou" de Maurice Pialat il y a 35 ans.
"Valley of Love", premier film de Guillaume Nicloux en compétition à Cannes pour la Palme d'or, a été produit par la veuve du réalisateur, Sylvie Pialat.
"Je l'ai retrouvé tel que j'avais quitté dans +Loulou+. On joue bien ensemble, on est bien", a confié l'actrice sur la chaîne de télévision du festival à propos de son partenaire.
Devant les photographes de Cannes, Huppert en blanc et silhouette de jeune fille, Depardieu en noir et corps colossal, ont joué à fond la complicité, joue contre joue et baisers volés pour l'acteur.
Depardieu, qui avait défrayé la chronique ces dernières années et créé le buzz en 2014 avec "Welcome to New York" sur l'affaire DSK, est apparu assagi pour son retour en compétition.
Dans le film de Nicloux, le duo incarne un couple divorcé depuis une trentaine d'années, convoqué dans la Vallée de la mort, en Californie, par leur fils qui s'est suicidé six mois plus tôt. L'un comme l'autre avaient perdu le contact avec leur enfant.
Dans une lettre, Michael leur a fixé avant de mourir sept rendez-vous à des heures précises dans le désert où il leur a promis d'apparaître, autant d'occasions pour le couple de renouer le fil interrompu de leur histoire.
Depardieu et Huppert portent leur vrai prénom dans le film et sont aussi acteurs de profession, au point que fiction et réalité se télescopent.
- 'Immensité et intimité' -
"J'ai grossi. Comment veux-tu que je me sente bien comme ça?", lance Gérard à Isabelle, corps alourdi et suant sous la chaleur, formidablement filmé par Nicloux ("La Religieuse", "L'Enlèvement de Michel Houellebecq").
Après des retrouvailles difficiles et au fil des rendez-vous manqués avec leur fils, le couple entreprend une sorte de voyage spirituel et réussit à retrouver un peu de la tendresse et de la complicité de jadis.
Entretemps, il aura exploré les questions de la culpabilité, du mystère de la mort, ou de l'amour entre les êtres qui ne meurt jamais vraiment.
"J'ai été émerveillé par la touche de fantastique du film. La Vallée de la mort est un chemin initiatique et on ne peut pas aller contre les 60 degrés. Il faut survivre", a confié Depardieu pendant la conférence de presse.
La mort de son fils l'a-t-elle aidé à jouer le rôle d'un père ? "Je n'oserais pas me servir du deuil de Guillaume, mais je peux très bien comprendre le deuil d'un enfant", a-t-il dit.
Quant à Isabelle Huppert, elle a souligné l'importance du paysage grandiose de la Vallée de la mort, de ses montagnes et de ses défilés arides, y voyant un "personnage" à lui seul du film, qui a permis "une chimie" entre "immensité et intimité".
Le principal intérêt de ce film énigmatique est de réunir ces deux monstres sacrés du cinéma français.
Le Guardian britannique a salué un "jeu tout en retenue de Depardieu, sa meilleure performance depuis plusieurs années", tandis que Screendaily a apprécié "la tendre complicité" des deux acteurs et la "vulnérabilité" de Depardieu.
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