Le Premier ministre britannique David Cameron a lancé vendredi la première salve d'une bataille qui s'annonce difficile pour réformer l'UE et in fine assurer le maintien de son pays dans l'Union.
"Il y aura beaucoup de bruit, beaucoup de hauts et de bas chemin faisant", a-t-il concédé en mettant la question sur la table à la première occasion venue après sa réélection triomphale le 7 mai, un sommet européen à Riga pourtant consacré aux relations avec les voisins orientaux de l'UE.
Reprenant une antienne de campagne, M. Cameron s'est dit "déterminé" à renégocier les termes de l'appartenance du Royaume Uni à l'UE avant un référendum d'ici la fin 2017 sur un éventuel "Brexit", autrement dit la sortie du Royaume-Uni du groupe des 28.
"J'ai toujours dit que si je n'obtenais pas ce dont je pense que nous avons besoin, je n'excluais rien" mais "je suis confiant" d'obtenir cette réforme, a-t-il ajouté.
Le Premier ministre britannique, décidé à mener tambour battant ce combat européen, se rendra dès jeudi à Paris et vendredi à Berlin pour discuter plus avant de ses demandes, avant un nouveau sommet en juin à Bruxelles.
Visiblement moins pressés que lui d'en parler, ses pairs ne sont pas étendus sur la question à Riga, un silence qui en dit long sur les dicussions pontentiellement ardues à venir.
"Il n'y a eu aucune discussion" sur la réforme de l'UE, a même affirmé M. Hollande aux journalistes, en ajoutant que "ce n'était pas le lieu et pas le moment".
David Cameron, lui-même sous pression des eurosceptiques de tout poil en Grande-Bretagne, aspire à rapatrier certains pouvoirs de Bruxelles à Londres et à durcir les conditions d'accès au marché du travail et aux aides sociales pour les immigrés de l'UE, notamment en provenance des pays de l'Est.
La Commission européenne a d'ores et déjà tracé une ligne rouge en soulignant que les "quatre libertés fondamentales", à savoir libre circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services, n'étaient pas négociables.
Sur le seul sujet à l'ordre du jour de Riga, le Partenariat oriental, les 28 ont réaffirmé qu'ils ne se laisseraient pas intimider par Moscou et poursuivraient leur rapprochemement économique et politique avec six républiques de l'ex-URSS.
- Optimisme sur les visas -
Mais ils ont aussi martelé qu'une adhésion n'était pas à l'ordre du jour, notamment pour l'Ukraine, la Moldavie et la Géorgie, les trois pays qui ont le plus avancé vers l'UE en signant des accords d'association synonymes à terme de libre échange.
"Personne n'a promis que le Partenariat oriental serait la voie automatique pour une adhésion à l'UE", a résumé le président du Conseil européen, Donald Tusk. "L'UE est un partenaire au long cours", a-t-il souligné, ajoutant que la coopération ne pouvait pas toujours avancer "à pas de géant".
Seul lot relatif de consolation, la Géorgie et l'Ukraine ont reçu des signaux encourageants sur une possible libéralisation en 2016 du régime de visas à l'entrée dans l'UE, déjà accordée aux Moldaves.
"Je suis très optimiste" sur cette question, a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en rappelant toutefois que Kiev et Tbilissi devaient encore procéder pour cela à un certain nombre de réformes qui seront examinées le 15 décembre par l'UE.
"Il est important pour ces pays d'avoir des perspectives claires sur les visas", a renchéri la chancelière allemande Angela Merkel, après avoir fermé jeudi la porte d'une adhésion.
Le président français François Hollande a souligné que le Partenariat avec l'Est ne devait pas se faire au détriment de la relation déjà tendue avec la Russie, qui se braque contre tout ce qu'elle considère comme une intrusion dans sa sphère d'influence.
"Nous ne devons pas faire de ce partenariat oriental un conflit de plus avec la Russie", a souligné M. Hollande à l'issue d'une rencontre trilatérale avec Mme Merkel et le président ukrainien Petro Porochenko.
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