Un raid aérien contre les Farc dans le sud-ouest de la Colombie a coûté jeudi la vie à au moins 18 guérilleros, l'une des plus lourdes pertes essuyée par la rébellion marxiste depuis le lancement du processus de paix il y a plus de deux ans.
L'offensive, menée conjointement par l'armée et la police, a visé un campement des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) dans le département du Cauca, l'un de ses fiefs.
Le raid des forces de l'ordre intervient un peu plus d'un mois après la levée par le président Juan Manuel Santos, du moratoire sur les bombardements contre la principale guérilla colombienne.
"C'est le premier grand coup porté contre les Farc depuis que le président Santos a ordonné la reprise des attaques aériennes contre cette guérilla le 15 avril", a déclaré à l'AFP une source du ministère de la Défense, qui a requis l'anonymat.
Artisan de négociations de paix avec les Farc, délocalisées depuis novembre 2012 à Cuba, le chef de l'Etat avait décidé de renouer avec les bombardements militaires à la suite d'une embuscade de la rébellion qui avait coûté la vie à onze militaires.
"L'offensive se maintient jusqu'à ce que l'on parvienne à la paix qui sera conclue, espérons-le, le plus tôt possible", a réagi M. Santos, dans un message posté sur son compte Twitter.
Le raid militaire coïncide jeudi avec la reprise d'un nouveau cycle de discussions à La Havane, la capitale cubaine, où sont réunies les délégations du gouvernement de Bogota et des Farc.
- "Signal problématique" -
"Les deux camps ont certainement des motifs très forts pour continuer la négociation mais cela envoie un signal problématique, pour ne pas dire contradictoire, au moment où l'on attend plus de progrès pour une désescalade", a estimé auprès de l'AFP Christian Voelkel, représentant en Colombie de l'ONG Crisis Group International, spécialisée dans la résolution des conflits.
La politologue colombienne Laura Gil a également prédit "une crise dont nous sortirons" et "probablement une nouvelle flambée de violence".
Le campement des rebelles détruit par l'armée se trouvait dans la région de Guapi, à 480 kilomètres de Bogota, une zone où opèrent également des bandes de narco-trafiquants.
Après les bombardements, durant lequel deux guérilleros ont aussi été blessés, les forces de l'ordre ont mis la main sur un arsenal comprenant une mitrailleuse, ainsi que plusieurs fusils et pistolets.
Les autorités avaient pour cible une unité régionale des Farc accusée d'avoir perpétré l'an passé une attaque sur l'île colombienne de Gorgona dans le Pacifique au cours de laquelle avait été tué un officier. L'île avait été fermée aux touristes à la suite de ce coup d'éclat inédit des rebelles qui avaient utilisé des embarcations rapides.
Peu près la reprise des raids aériens le mois dernier, l'armée avait déjà effectué un premier bombardement, dirigé contre une fabrique d'explosifs clandestine de la rébellion, tuant deux guérilleros.
Fondées depuis 1964 à l'issue d'une insurrection paysanne, les Farc comptent encore près de 8.000 combattants, essentiellement repliés dans les régions rurales de Colombie.
Cette rébellion a instauré une trêve illimitée depuis décembre, mais se réserve le droit de répliquer aux offensives de l'armée, alors que le gouvernement exclut tout armistice avant la signature d'un accord de paix définitif.
Les pourparlers en cours visent à résoudre le plus vieux conflit d'Amérique latine, qui a fait quelque 220.000 morts en plus d'un demi-siècle, selon des chiffres officiels.
Ces négociations ont déjà abouti à des accords partiels sur un projet de réforme rurale, la coopération pour la lutte anti-drogue et la participation des ex guérilleros à la vie politique. Elles doivent encore trancher la question des réparations pour les victimes, celle de la remise des armes et les modalités d'un éventuel référendum.
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