"Les RTT, c'est pour souffler": à l'unisson contre le projet de réorganisation des 35 heures, des milliers d'agents grévistes de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris ont battu le pavé jeudi lors du premier conflit social d'envergure pour le directeur général Martin Hirsch.
Entre 5.000 personnes, selon la préfecture de Police, et 8.000, selon les syndicats, se sont rassemblées en fin de matinée devant le siège de l'AP-HP, à l'appel, fait rare, de l'ensemble des organisations représentatives (CGT, SUD, FO et même la CFDT), qui font front commun avec la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa.
"C'est un succès", s'est réjouie Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union CGT de l'AP-HP.
"Cela fait longtemps que l'on n'avait pas vu une telle mobilisation", avait estimé plus tôt Yann Flecher, de la CGT.
Aucun chiffre sur le taux de grévistes et les personnels assignés pour la continuité des soins n'avait été communiqué en fin d'après-midi.
Reçue à la mi-journée par Martin Hirsch, l'intersyndicale n'avait pas encore décidé des suites à donner à son mouvement, alors que les négociations doivent ouvrir le 28 mai.
"Cela n'a strictement rien donné", s'est agacé Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé, à l'issue de la rencontre. Martin Hirsch "est dans l'expectative de trouver une méthodologie pour négocier", a-t-il ironisé.
Pour sa part, Mme Rousseau a indiqué attendre des "propositions" plus tard dans la journée.
Dans le viseur des grévistes, la réforme des 35 heures lancée par Martin Hirsch, qui pourrait toucher dès 2016 quelque 75.000 personnels (hors médecins) dans les 38 établissements de l'AP-HP.
RTT, jours de congés exceptionnels octroyés pour la fête des mères ou l'ancienneté : tout est remis sur la table, au grand dam des syndicats, qui réclament des garanties et des embauches.
"Ce n'est pas la fin des 35 heures, c'est les 35 heures organisées autrement, et ce n'est pas la fin des RTT", a assuré Martin Hirsch sur RTL, revendiquant la pleine confiance du gouvernement.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, n'a pourtant pas apporté un franc soutien à son projet, martelant mardi que le gouvernement était attaché aux 35 heures.
Le député UMP et médecin Bernard Debré a quant à lui assuré jeudi que l'hôpital était "en train de mourir" et qu'il fallait supprimer, outre les 35 heures, de 10 à 15% des établissements.
A l'inverse, les numéros un de la CGT, Philippe Martinez, et de la CFDT, Laurent Berger, ont appelé à donner à l'hôpital "les moyens" nécessaires à son fonctionnement
- 'On travaille plutôt 8h36 que 7h36' -
Le chantier est "difficile", reconnaît Martin Hirsch, mais il est "indispensable" pour "préserver l'emploi" (avec plus de 4.000 postes menacés sur 4 ans) et la "qualité du travail".
Il permettrait surtout d'économiser quelque "20 millions d'euros", à l'heure où l'hôpital public est sommé de se serrer la ceinture (3 milliards d'euros d'économies attendues d'ici à 2017, dont 860 millions sur la masse salariale).
Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36 (38 heures/semaine) ou 7h50 (39h10) par jour, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP.
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