Les militants socialistes votent jeudi sur la ligne de leur parti, avec le choix entre quatre textes programmatiques avant le congrès du PS, début juin à Poitiers, un vote censé définir l'attitude du Parti vis-à-vis de l'exécutif d'ici à 2017.
Une prudente expectative domine chez les responsables socialistes quant à l'ampleur de la participation, plusieurs ténors se gardant d'avancer tout pronostic.
131.000 militants "actifs" à l'heure actuelle, selon les chiffres de Solférino, sont invités à se rendre dans les 3.200 sections du parti entre 17H00 et 22H00 pour voter, mais les résultats définitifs ne seront connus que vendredi en fin d'après-midi. De premières tendances pourraient émerger dans la nuit de jeudi à vendredi, indique-t-on au siège du PS.
"On attend entre 70 et 80.000 militants. Si on atteint les 80.000, ça sera satisfaisant, si on est à 70.000, ça sera raisonnable. En dessous, ça risque d'être vraiment embêtant", commente sans illusion un responsable socialiste.
Quatre "motions" (ou textes d'orientation politique) sont en lice. Les militants socialistes devront départager le 28 mai les premiers signataires des deux motions arrivées en tête: le vainqueur sera le premier secrétaire du parti.
Jean-Christophe Cambadélis, désigné à la tête du parti uniquement par son Conseil national ou "parlement" au moment de l'exfiltration vers le gouvernement d'Harlem Désir, espère cette fois-ci bénéficier de l'approbation des militants.
Toujours soucieux de convergence et de rassemblement dans un parti tiraillé sur son attitude à avoir à l'égard du gouvernement, le premier secrétaire est parvenu à obtenir le soutien de la quasi-totalité des membres du gouvernement, le Premier ministre Manuel Valls inclus, ainsi que de Martine Aubry, l'ancienne numéro un du parti, qui fut pourtant souvent critique de l'action du gouvernement depuis 2012: la maire de Lille s'est montrée cependant bien discrète lors de cette campagne pour les motions.
- 'Partis sur la pointe des pieds'-
Fort de ces soutiens, Jean-Christophe Cambadélis ambitionne d'arriver en tête. "On espère entre 50 et 55% (des votes). Rien n'est acquis.", déclare, très prudent, ce même responsable socialiste. 50,1% serait satisfaisant, a assuré le premier secrétaire.
Les trois autres motions espèrent réunir plus de 50% à elles trois, ce qui porterait un coup sérieux à la crédibilité et l'audience de la motion A.
Il s'agit tout d'abord de la motion B, menée par le député Christian Paul et soutenue par la gauche du parti et les "frondeurs", qui ont donné de la voix contre l'accentuation libérale de la politique du gouvernement.
"Je ne fais aucun pronostic chiffré ni de participation ni de résultats. Il y a trois mois, on nous disait que c'était un congrès écrit d'avance, que tout était joué et aujourd'hui, c'est exactement le contraire", a déclaré Christian Paul à l'AFP. Chaque camp reconnaît, en privé, que sauf surprise de taille, la motion B arrivera en deuxième position.
"Si nous n'avions pas été là, le congrès du PS aurait été un moment d'intense tristesse. Nous avons réveillé le PS", a-t-il ajouté.
Se voulant la "troisième voie", la motion D menée par la députée Karine Berger, soutient le gouvernement tout en voulant se démarquer à la fois du texte de Jean-Christophe Cambadélis et celui de Christian Paul. Elle souhaite une réorganisation complète du parti.
"On est tous très prudents parce que l'on sait que certains militants ont pu partir sur la pointe des pieds et cela, c'est quelque chose qui se concrétisera ou pas dans les jours qui viennent, dans le vote. On espère que le parti est beaucoup plus mobilisé que beaucoup ne le craigne", développe la députée des Hautes-Alpes.
"Ils vont fédérer le ni-ni, mais c'est tout. Cela ne peut faire plus de 10-12%", envisage une personnalité de la motion A.
Enfin, Florence Augier, première signataire de la motion C, veut défendre "les militants de terrain" et s'inquiète d'une "forte défiance vis-à-vis du parti". Elle souhaite que le PS se diversifie davantage.
Le poids obtenu par chaque motion déterminera la place de leurs représentants dans les instances dirigeantes (Bureau national, Conseil national) et dans les fédérations, une répartition qui donne lieu généralement à de savantes tractations à l'approche du congrès.
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