"Repos préservé, qualité des soins assurée": à l'unisson contre le projet de réorganisation des 35 heures, les syndicats de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris appellent à la grève jeudi, le premier conflit social d'envergure pour le directeur général Martin Hirsch.
Fait rare, toutes les organisations représentatives (CGT, SUD, FO et même la CFDT) ont fait front commun avec la CFE-CGC, la CFTC et l'Unsa, invitant les agents grévistes à se rassembler à 11h devant le siège de l'AP-HP, dans le 4e arrondissement de Paris.
"Il va y avoir du monde", promet Jean-Marc Devauchelle, secrétaire général de SUD Santé.
Les soins ne devraient pas être trop perturbés. Les personnels essentiels à la prise en charge des patients ont été "assignés a minima", tandis que des opérations non urgentes ont été annulées, indique-t-on à l'AP-HP.
Dans le viseur des grévistes, la réforme de l'organisation du temps de travail lancée par Martin Hirsch, qui pourrait toucher dès 2016 quelque 75.000 personnels (hors médecins) dans les 38 établissements de l'AP-HP.
Quels agents pourraient voir leur RTT diminuer, ou disparaître? Les jours de congés octroyés pour des événements particuliers comme la fête des mères sont-il menacés?
"Ce n'est pas la fin des 35 heures, c'est les 35 heures organisées autrement, et ce n'est pas la fin des RTT", a répondu Martin Hirsch jeudi matin sur RTL, revendiquant la pleine confiance du gouvernement.
La ministre de la Santé Marisol Touraine n'a pourtant pas apporté un franc soutien à son projet, martelant mardi que le gouvernement était attaché aux 35 heures et prévenant que la "réussite" du projet dépendrait de la qualité du "dialogue social".
L'intersyndicale attend des garanties et des orientations précises de la direction, qui n'a présenté qu'un état des lieux, rejeté par les syndicats.
Les propositions de M. Hirsch ne visent "qu'à faire des économies sur le dos du personnel", résume pour l'AFP Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Union syndicale CGT de l'AP-HP.
De son côté, Martin Hirsch, qui prévoit d'ouvrir les négociations le 28 mai, assure que les propositions seront "équilibrées".
- 'Socialement injuste' -
Le chantier est "difficile", reconnaît celui qui avait été nommé à la tête de l'AP-HP pour apaiser les tensions, en pleine polémique autour de la fermeture des urgences de l'Hôtel Dieu, en 2013. Mais il est "indispensable" pour "préserver l'emploi" (avec plus de 4.000 postes menacés sur 4 ans) et la "qualité du travail", selon lui.
Il permettrait surtout d'économiser quelque "20 millions d'euros", à l'heure où l'hôpital public est sommé de se serrer la ceinture (3 milliards d'euros d'économies attendues d'ici à 2017, dont 860 millions sur la masse salariale).
Actuellement, plus de 60% des agents travaillent 7h36 (38 heures/semaine) ou 7h50 (39h10) par jour, avec un nombre de RTT allant de 18 à 20 jours par an, auxquels s'ajoutent des journées propres à l'AP-HP.
Problème: en raison du manque de personnel, les journées non prises s'accumulent sur les comptes épargne temps. Un stock évalué à 74,7 millions d'euros fin 2014, rappelle la direction.
La réduction des plages horaires journalières à 7h30, voire 7h00, atténuerait ces frais, en diminuant, ou supprimant les RTT. M. Hirsch a d'ores et déjà exclu la "généralisation" de la journée de 7 heures.
Réduire les plages horaires sans embauche serait "socialement injuste pour des agents dévoués et en première ligne au quotidien auprès des patients" et dont les salaires sont gelés depuis 2010, estime Rose May Rousseau.
"Faire en 7h ce qui se fait en 7h36, se traduirait par une productivité plus intense, moins de repos", et nuirait à la "sécurité des patients", s'indigne-t-elle.
Les syndicats craignent en outre de perdre d'autres droits, comme la comptabilisation de la pause déjeuner de 30 minutes dans le temps de travail effectif.
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