Énervée par les pleurs du bébé dont elle avait la garde, elle l'avait violemment secoué, lui occasionnant un handicap irréversible: une nourrice sans agrément de 45 ans a été condamnée mercredi à cinq ans de prison ferme par la cour d'assises du Val-de-Marne.
La peine est conforme à ce qu'avait requis mardi l'avocat général, qui avait qualifié l'accusée d'"incompétente", "imprudente" et "violente".
Les faits remontent au 4 septembre 2008. Ce jour-là, les parents de Xiao, sept mois et demi, le confient à leur nourrice, une femme de 45 ans, elle-même mère de trois enfants. Alors qu'il était en parfaite santé le matin, quand sa mère revient le chercher le soir, ses yeux paraissent gonflés et il semble paralysé.
Hospitalisé le lendemain, il tombe dans le coma 48 heures plus tard.
Présent dans la salle mardi matin, l'enfant, aujourd'hui âgé de sept ans, est handicapé à 85%. Il est totalement aveugle et atteint d'une hémiplégie droite. Scolarisé dans une école spécialisée après avoir passé plus de deux ans à l'hôpital, il présente un important retard moteur cérébral.
L'accusée avait une formation de comptable avant de devenir nourrice, une profession qu'elle exerçait sans agrément, pour arrondir ses fins de mois. A l'audience, elle a reconnu sa "faute" et exprimé sa "peine" et sa "tristesse" aux parents de l'enfant.
Selon ses dires, au cours de la soirée, le bébé serait tombé deux fois du canapé et elle l'aurait ensuite secoué à trois reprises, d'abord pour qu'il cesse de pleurer, puis pour le réveiller.
"Je l'ai tenu par les épaules et je l'ai secoué", a-t-elle déclaré, en mimant ses gestes devant la cour. Elle affirme qu'elle ne savait pas que ces secousses pouvait avoir des conséquences aussi graves.
"C'est ma faute. J'ai fait des gestes irréparables. Je l'ai caché aux parents et l'enfant est devenu infirme à cause de moi", a-t-elle ajouté.
Selon l'assurance maladie, en France, environ 200 enfants seraient victimes chaque année du syndrome du bébé secoué, mais ce chiffre est certainement sous-évalué. Les conséquences peuvent être très graves pour l'enfant et inclure des séquelles neurologiques permanentes, ou même la mort dans 20 à 30% des cas.
Pendant le procès, plusieurs médecins se sont succédé pour évoquer cette forme de maltraitance.
"Le déclencheur le plus fréquent, c'est les pleurs du bébé. La personne s'énerve et passe à l'acte", a expliqué le Dr Caroline Rambaud, médecin légiste à l'Hôpital Raymond Poincaré de Garches.
"Lors des secousses, le cerveau est balloté à l'intérieur de la boite crânienne. La tête n'est pas tenue par les muscles de la nuque", a-t-elle détaillé.
Pour Xiao, les séquelles définitives ne pourront être évaluées que vers l'âge de vingt ans. "Si les violences avaient été un cran au-dessus, il serait mort", avait estimé l'avocat général.
La nourrice a également été condamnée à payer 200.000 euros de remboursement au fonds de garantie des victimes qui avait versé cette somme aux parents de l'enfant. Elle s'est engagée à faire "le maximum" pour dédommager le couple.
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