La suisse UBS a été la première banque mercredi à annoncer un accord avec les autorités américaines pour payer un total de 545 millions de dollars et régler les poursuites dans l'épineux dossier des manipulations des taux de change, et devrait être suivie par quatre autres grandes banques mondiales.
Les américaines JPMorgan Chase et Citigroup ainsi que les britanniques Barclays et RBS devraient suivre mercredi, ce qui pourrait aboutir à des milliards de dollars d'amende à la fin de la journée, mettant un terme à de longs mois de négociations avec les autorités américaines et britanniques.
UBS a trouvé un accord avec trois autorités américaines, dont le département américain de la Justice (DoJ), qui lui permet d'éviter des poursuites pénales dans le dossier de la manipulation des taux de change.
En revanche, la banque a dû plaider coupable sur un autre volet, celui de la manipulation du taux d'intérêt interbancaire Libor pour lequel elle avait initialement bénéficié en 2012 d'une immunité accordée par le DoJ pour avoir été la première à collaborer avec les autorités dans cette affaire qui affecte les transactions entre banques.
Cet accord a sauté du fait des poursuites dans le dossier des taux de change, contraignant UBS à plaider coupable et à passer finalement deux fois à la caisse, une pour le Libor, et une pour les taux de change.
Au total, la banque suisse devra payer 545 millions de dollars, déjà provisionnés dans ses comptes.
Selon des sources proches du dossier, le total des amendes infligées mercredi par les autorités américaines et britanniques devrait s'élever à plusieurs centaines de millions de dollars pour les établissements ayant joué un rôle mineur dans ce "cartel", et jusqu'à un milliard de dollars pour ceux dont la place est importante sur le marché des changes, sur lequel transitent chaque jour quelque 5.300 milliards de dollars, dont 40% via la City de Londres.
Citigroup y est l'une des banques les plus actives.
La facture dépasserait le milliard de dollars pour Barclays, qui n'avait pas pris part à un précédent accord, indiquent ces sources. La banque britannique devrait se voir en effet infliger des amendes par le département américain de la Justice (DoJ), le régulateur des services financiers de New York (Benjamin Lawsky), le régulateur des matières premières CFTC et le régulateur britannique FCA. Les autres établissements sont visés essentiellement par le DoJ et la banque centrale (Fed).
Les régulateurs reprochent aux cambistes de ces grands établissements d'avoir utilisé des forums de discussion sur internet et des messageries instantanées pour se concerter de façon indue afin d'infléchir un taux de référence du marché des changes.
- Actionnaires pénalisés -
Très critiqué par des élus et le grand public qui lui reprochent de ne pas avoir traduit en justice un seul grand nom de Wall Street, dont les errements sont à l'origine de la crise de 2008, le ministère devrait mettre en avant le fait que plusieurs banques acceptent de plaider coupables pour des charges d'antitrust, indiquent les sources.
Cette reconnaissance des faits est purement symbolique parce que ce sont les filiales ou succursales de ces banques qui devraient endosser la responsabilité, selon les sources bancaires. Cette astuce a le mérite d'éviter à ces banques de perdre leur licence bancaire aux Etats-Unis et surtout à New York.
Elles sont par ailleurs en train de négocier avec différentes autorités, dont le gendarme de la Bourse, la SEC, pour obtenir des exemptions qui vont leur éviter une interruption de certaines activités. La loi américaine interdit à des investisseurs institutionnels comme les fonds de pension de confier leurs actifs à des institutions ayant plaidé coupable pour des charges relevant du pénal.
"La donne ne change pas beaucoup car les régulateurs sont bien conscients que s'ils suspendent certaines activités de banques ce sont les plans d'épargne retraite des Américains qui vont être pénalisés. Ils ne peuvent pas courir un tel risque", dit à l'AFP un grand banquier de Wall Street sous couvert d'anonymat.
La plupart des grandes banques ont mis de côté de l'argent pour payer ces amendes sans avoir à creuser leurs résultats.
Le scandale des marchés des changes touche la plupart des grandes banques mondiales, dont les françaises BNP Paribas et Société Générale.
Il a rebondi mardi en Afrique du Sud avec l'ouverture d'une enquête sur onze banques, dont la britannique Standard Chartered.
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