Dix jeunes canadiens ont été interceptés juste avant leur embarquement à l'aéroport de Montréal pour rejoindre les rangs du jihad, la plus importante vague d'arrestations depuis les attaques mortelles de l'automne au Québec et au Parlement d'Ottawa.
C'est au cours du dernier long week-end férié que la police a arrêté ces jeunes, tous habitants de la région de Montréal. Mardi soir, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) a fait état de l'interpellation de dix jeunes "soupçonnés d'avoir eu l'intention de quitter le pays pour rallier les rangs de groupes jihadistes".
Ces jeunes, pour certains mineurs, n'ont pas à ce stade été déférés au tribunal mais leur passeport leur a été retiré. L'enquête se poursuit et aucune accusation n'a été pour l'instant déposée, a indiqué la GRC.
Dans le cadre de l'enquête, "les familles et les proches des jeunes" ont été interrogés par la police. Selon des médias locaux, c'est l'alerte donnée par un des parents de ces jeunes qui auraient permis de déjouer leur plan.
Le ministre de la Sécurité publique Steven Blaney a félicité les forces de l'ordre pour leur "vigilance" afin de "protéger nos rues et nos collectivités contre la menace terroriste continue".
Le ministre conservateur a rappelé l'importance de la toute nouvelle loi antiterroriste, votée au début du mois, qui dote la police de moyens nécessaires "pour protéger les Canadiens contre les menaces terroristes jihadistes en évolution constante".
Depuis plusieurs mois le Canada fait face, comme d'autres pays occidentaux, au départ de jeunes radicalisés, cherchant à rejoindre le plus souvent les combattants du groupe Etat islamique (EI). En décembre, un ancien étudiant à l'Université d'Ottawa, John Maguire, avait été tué près de la ville syrienne kurde de Kobané.
- De nombreux départs -
Ces départs, réussis ou avortés, se sont multipliés depuis le début de l'année. En janvier, ce sont six jeunes Québécois de 18 et 19 ans, dont deux filles, qui avaient réussi à prendre un vol pour Istanbul. L'un de ces jeunes a été depuis localisé en Syrie à partir de son activité sur les réseaux sociaux, ont indiqué les médias locaux.
En février, une jeune fille de 23 ans avait fui après, selon sa soeur, avoir été radicalisée par une femme qui, sous couvert d'enseigner le Coran, expliquait en fait comment rejoindre l'EI. Le mois suivant, c'est un adolescent de 17 ans qui avait été arrêté au sud d'Edmonton (Alberta).
En avril, un garçon et une fille, tous les deux âgés de 18 ans, avaient été accusés de vouloir "commettre une infraction liée au terrorisme" et incarcérés à Montréal. Deux autres Montréalais de 22 et 26 ans, soupçonnés de menace à la sécurité nationale, ont également été arrêtés au début du printemps puis soumis à un strict contrôle judiciaire.
Ces jeunes sont tous issus de la seconde génération de l'immigration et pour certains fréquentaient le même lycée de Montréal, où chaque week-end des cours sur le Coran étaient dispensés par un responsable musulman controversé.
Pour le gouvernement, la nouvelle loi antiterroriste vise à prévenir ces départs pour le jihad. Elle avait été déposée dans la foulée des deux attaques menées par des jeunes radicalisés aux idées jihadistes. Martin Couture-Rouleau avait le 20 octobre dernier, fauché volontairement avec sa voiture un militaire canadien à Saint-Jean sur Richelieu (Québec) avant d'être tué par la police. Deux jours plus tard, Michael Zehaf-Bibeau, qui s'était vu refuser la délivrance d'un passeport pour aller en Libye, avait abattu un soldat à Ottawa avant de tomber sous les balles de la police au coeur du Parlement.
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