Des centaines de migrants abandonnés par leurs passeurs en mer d'Andaman ont été secourus mercredi par des pêcheurs indonésiens au moment où, soumise à de fortes pressions internationales, la diplomatie régionale s'active pour tenter de résoudre la crise.
Les ministres des Affaires étrangères d'Indonésie, Malaisie et Thaïlande devaient s'entretenir dans la matinée près de Kuala Lumpur d'un afflux récent de migrants et de réfugiés fuyant les persécutions et la misère au Bangladesh et en Birmanie.
Ces migrants tentaient traditionnellement de passer en Thaïlande pour ensuite rejoindre clandestinement par la route la Malaisie, pays à majorité musulmane parmi les plus prospères d'Asie du Sud-Est.
Mais la Thaïlande a décidé de sévir contre les filières de la traite après la découverte de charniers dans des camps de transit de migrants, contraignant les passeurs à chercher de nouveaux itinéraires.
Les bateaux chargés de migrants arrivent désormais le long des côtes malaisiennes et indonésiennes, après des semaines de navigation dans des conditions effroyables. Ils sont la plupart du temps abandonnés par les passeurs et les migrants à court d'eau et de nourriture n'ont d'autre choix que de sauter à l'eau pour gagner les rives à la nage, ou d'attendre d'improbables secours.
L'Indonésie a annoncé que des pêcheurs avaient encore secouru 426 personnes au large de ses côtes dans la nuit de mardi à mercredi. Au total, environ 1.800 migrants se trouvent désormais dans le pays.
Cent deux personnes ont d'abord été récupérées sur une première embarcation tandis que les autres se trouvaient à bord d'un bateau "à la dérive dont le moteur était mort", a indiqué à l'AFP un responsable local des services de secours, Sadikin, qui comme nombre d'Indonésiens ne porte qu'un nom.
"Certains avaient l'air très malade et faible, certains étaient déshydratés, apparemment ils n'avaient pas beaucoup d'eau et de nourriture", a-t-il ajouté, précisant que se trouvaient à bord de nombreux enfants et nourrissons.
- Le chantage des passeurs -
La Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie ont accueilli plus de 3.000 naufragés en quelques jours mais elles ont aussi refoulé plusieurs bateaux, s'attirant les critiques des Nations unies et d'organisations non gouvernementales.
Des centaines seraient toujours à l'abandon dans le golfe du Bengale ou en mer d'Adaman. L'ONU estime qu'ils sont 2.000 pris au piège des passeurs depuis des semaines sur des embarcations au large de la Birmanie.
Selon Vivian Tan, porte-parole à Bangkok du Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies, les trafiquants exigent entre 180 et 270 dollars pour permettre aux migrants de débarquer et de retourner dans l'Etat Rakhine en Birmanie où vivent les Rohingyas.
Les persécutions subies en Birmanie par les Rohingyas, communauté musulmane pauvre et marginalisée dans un pays largement bouddhiste, sont considérées comme l'une des causes profondes de l'augmentation du nombre de migrants qui risquent leur vie sur les mers en Asie du Sud-Est.
La Birmanie, qui s'est peu exprimée depuis le début de la crise et avait fait savoir qu'elle ne participerait pas au sommet régional sur le sujet prévu le 29 mai à Bangkok, se montre nettement mieux disposée depuis le début de la semaine.
Assurant "comprendre l'inquiétude internationale" concernant le sort des Rohingyas, Rangoun a finalement offert mercredi "une assistance humanitaire à tous ceux qui ont souffert dans la mer".
Et le pape François s'est exprimé pour la première fois mardi sur le sort de cette communauté, évoquant "ces pauvres Rohingyas de Birmanie" chassés de chez eux comme "les chrétiens et les Yazidis" persécutés par l'organisation Etat islamique en Irak et en Syrie.
"Au moment de quitter leurs terres pour fuir les persécutions ils ne savaient pas ce qui leur arriverait. Et depuis des mois, ils sont sur des bateaux, là-bas Ils arrivent dans une ville, où on leur donne de l'eau, de la nourriture et puis on leur dit: allez-vous en d'ici", a regretté le souverain pontife lors d'une messe au Vatican.
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