Deux jours après de nouvelles révélations dans l'affaire Kerviel, la réunion annuelle des actionnaires de la Société Générale a été agitée mardi, le patron du groupe dénonçant une "instrumentalisation" du dossier, avant d'être interpellé sur des questions de rémunération et d'environnement.
Au cours de l'assemblée générale annuelle, qui se tenait à Paris, le désormais directeur général de la banque, Frédéric Oudéa, a jugé qu'il n'y avait "aucun fait nouveau" dans le dossier Kerviel après la publication d'un article de Médiapart dimanche soir.
"Ce n'est évidemment pas une coïncidence, cette année encore, l'assemblée générale est utilisée par certains comme une caisse de résonance", a déclaré M. Oudéa devant plusieurs centaines de personnes.
"Nous sommes lucides sur l?instrumentalisation qui est faite par certains de cette affaire, si douloureuse pour vous, nos actionnaires, pour nos clients, notre banque, nos salariés", a-t-il poursuivi, évoquant des "offensives médiatiques" pouvant se poursuivre "y compris sous des formes outrancières".
"Il n'y a pas d'affaire pénale de la Société générale, dans les informations parues depuis deux jours, aucun fait nouveau n'est apparu, seulement l'exploitation médiatique d'une audition dont personne ne connaît le contenu sinon le juge", a-t-il affirmé.
- "Etat de droit" -
Selon Médiapart, le commandant de police Nathalie Le Roy, chargé de l'enquête sur la perte collossale de 4,9 milliards d'euros de l'entreprise en 2008, a dit au cours d'une audition début avril avoir "la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait pas ignorer les positions prises par ce dernier".
Ces éléments ont apporté un éclairage nouveau à l'affaire et amené l'avocat de l'ancien trader, Me David Koubbi, à demander l'annulation de sa condamnation auprès de la Cour de révision et de réexamen.
Au cours de l'assemblée générale M. Oudéa a tenu sa ligne, écartant par ailleurs toute remise en cause de l'allègement fiscal de 1,7 milliard d'euros dont son groupe avait bénéficié en 2008 au titre d'un dédommagement public en cas de fraude.
Interrogé par le conseiller régional écologiste Julien Bayou, connu pour son soutien à Jérôme Kerviel et détenteur d'une action SocGen, sur un "remboursement" de cette somme après l'article de Médiapart, M. Oudéa a répondu qu'"aujourd'hui, il n'y a pas de demande de remboursement puisqu'il n'y a pas de légitimité dans le droit."
"En matière fiscale, nous sommes, encore je l'espère, dans un Etat de droit", a-t-il lancé.
Le jour-même, la sénatrice socialiste Marie-Noëlle Lienemann avait demandé la réouverture du dossier fiscal de la banque dans cette affaire, et Bercy avait précisé que la "jurisprudence fiscale" avait été appliquée mais que "si une décision de justice [] établissait une prise de risque excessive et consciente des dirigeants, l'administration fiscale aurait à en tenir compte et à reconsidérer" cet allègement.
Alors que l'assemblée générale se concluait, Jérôme Kerviel s'est exprimé sur RTL et s'est dit "blanchi" par le nouveau témoignage de Mme Le Roy, réclamant un procès "équitable" dont il estime ne pas avoir encore bénéficié.
- "Combine" -
Si les actionnaires ont adopté l'ensemble des résolutions proposées au vote, l'assemblée générale n'a pour autant pas été de tout repos pour la direction du groupe.
Un actionnaire s'est ainsi indigné d'un élément de rémunération accordé au nouveau président, Lorenzo Bini Smaghi, qui recevra 200.000 euros pour des études sur le secteur financier destinées à la direction.
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