La réforme du collège "se fera" et entrera en vigueur comme prévu à la rentrée 2016 car "elle est indispensable", a déclaré la ministre de l'Education mardi, jour de grève dans les établissements, promettant "des garanties" pour lever les inquiétudes des enseignants.
"Je veux dire clairement à tous ceux qui ont fait grève ou pas () que je les entends et que je suis là pour lever chacune de ces inquiétudes", a déclaré Najat Vallaud-Belkacem. Elle a promis que "des garanties" pour une bonne mise en oeuvre de la réforme seraient introduites dans les textes d'application.
Un gros quart des professeurs des collèges publics (27,61%) ont répondu à l'appel de l'intersyndicale selon le ministère de l'Education, alors que le Snes, principal syndicat du secondaire, estime la participation à la grève à "plus de 50%".
Une partie des organisations de l'intersyndicale appellent au retrait pur et simple de la réforme. Pour le Snes, "il est encore temps () de reprendre le fil des discussions et de stopper ce qui s'annonce comme un véritable gâchis pour les jeunes, pour nos professions".
Depuis deux mois qu'a été présentée la réforme, le débat public a surtout été porté par les politiques ou les intellectuels, sur les plateaux télé ou dans les journaux. Ce mardi, c'est donc aux enseignants de donner de la voix. Des défilés sont organisés dans une cinquantaine de villes, dont Paris en début d'après-midi.
Malgré cette nouvelle étape dans la contestation, le Premier ministre Manuel Valls s'est dit "confiant": "cette réforme va être mise en ?uvre comme c'était prévu, et le décret sera publié le plus rapidement possible".
Se retrouvent côte à côte le Snes-FSU, le Snep-FSU, le Snalc (classé à droite, même s'il le réfute), FO, la CGT et SUD. Ces organisations ont recueilli au total 80% des voix des enseignants du collège qui ont voté lors des dernières élections professionnelles (dont le taux de participation était de 40%). Mais tous les syndicats, y compris ceux qui n'appelaient pas à la grève, s'attendaient à une forte mobilisation des professeurs de langues anciennes et d'allemand.
Les profs de latin et grec craignent un effritement de leurs horaires avec la suppression de ces options, remplacées par un enseignement pratique interdisciplinaire consacré aux langues et cultures de l'Antiquité et un enseignement de complément.
- Soutien du privé pour la réforme -
Même inquiétude chez les profs d'allemand, dont la discipline pâtira, selon eux, de la suppression des classes bilangues (deux langues étrangères dès la sixième, des classes suivies par 16% des élèves de sixième). La réforme propose à la place une deuxième langue pour tous en cinquième.
Ces mesures ont suscité de très vives réactions à droite et auprès de quelques personnalités de gauche. Mais ce sont l'autonomie accrue accordée aux établissements et l'interdisciplinarité (qui consiste à croiser deux disciplines lors d'un même cours) qui mécontentent le plus les syndicats antiréforme.
Ils redoutent que la première donne trop de pouvoir aux chefs d'établissement et que la seconde grignote les horaires de chaque matière, dans un pays où le corps professoral est très attaché à ses disciplines.
La réforme a aussi ses partisans: la gauche bien évidemment, deux syndicats dits réformateurs (SE-Unsa et Sgen-CFDT, 20% aux élections professionnelles), la FCPE, première fédération de parents d'élèves et l'enseignement privé catholique, qui scolarise 20% des collégiens en France et auquel la réforme s'applique aussi.
Pour la ministre, c'est une première confrontation à un vaste mouvement de protestation, depuis son arrivée à son poste fin août. Elle avait succédé à Benoît Hamon, resté quelques semaines. Vincent Peillon, parti en avril 2014 lors d'un remaniement, avait été très affaibli par la fronde contre la réforme des rythmes scolaires.
Fort opportunément, le ministère vient de publier une étude faisant état de résultats peu glorieux sur les capacités mathématiques des élèves de troisième, réalisée auprès de 8.000 élèves. Une contre-performance déjà relevée dans des études internationales.
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