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Bujumbura (Burundi) (AFP). Burundi: l'armée à la peine dans la rue pour contenir les manifestants

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Bujumbura (Burundi) (AFP). Burundi: l'armée à la peine dans la rue pour contenir les manifestants
Des soldats burundais s'affrontent le 18 mai 2015 entre eux après que des tirs sur les manifestants dans le quartier de Musaga, à Bujumbura - AFP
Plusieurs centaines d'opposants au président burundais Pierre Nkurunziza ont tenté de manifester lundi à Bujumbura, contenus parfois avec difficulté par l'armée, pour la première fois déployée dans les rues pour maintenir l'ordre à la place de la police. Visiblement mal à l'aise dans cette fonction, sans la moindre matraque ou bouclier, les militaires ont fait usage de leurs armes pour des tirs de sommation, mais n'ont pas ouvert le feu sur la foule, malgré d'évidentes tensions dans leurs rangs sur l'attitude à adopter face aux manifestants. Cinq jours après l'échec du coup d'Etat mené par un général et ex-compagnon d'armes du président Nkurunziza, ce déploiement militaire aurait pu marquer la reprise en main de l'armée par le pouvoir. Il a au contraire illustré les divisions persistantes au sein de ce corps, jusqu'à présent loué par les manifestants pour sa neutralité, et qui a refusé de prendre part à la répression, s'interposant même entre protestataires et policiers pour éviter les dérapages. Dans le quartier de Musaga, un des hauts-lieux de la contestation depuis le début fin avril des manifestations contre un troisième mandat du président Nkurunziza, des soldats sont ainsi intervenus pour faire cesser des tirs de sommation par des éléments de la brigade spéciale de protection des institutions, unité d'élite qui joue de facto le rôle de garde présidentielle. Selon des témoins, les deux groupes de soldats se sont alors fait face, menaçant d'utiliser leurs armes, et nécessitant l'intervention du chef d'état-major adjoint de l'armée, Fabien Nzisabira, pour venir calmer le jeu. Un journaliste de l'AFP arrivé sur place peu après l'incident a entendu l'officier expliqué à des civils très remontés: "nous sommes plus de 20.000 soldats, tous ne peuvent pas être sur la même ligne". "Ne vous en faites pas, c'est nous qui sommes là maintenant, plus aucun soldat ne va vous tirer dessus", a assuré un soldat aux manifestants, avant que ceux-ci ne rétablissent finalement des barricades de fortune dans les rues du quartier, tandis que les militaires de la garde présidentielle avaient pris position en retrait. Toute la matinée, des centaines de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs quartiers périphériques de Bujumbura, à Musaga, Niyakabiga, Cibitoke avec l'objectif affiché "d'entrer" sans provocation ou violence en centre-ville, au "23e" jour de la contestation contre le troisième mandat. - 'C'est pas notre boulot' - Partout, les scènes étaient les mêmes, avec des petits groupes de manifestants jouant au chat à la souris malgré les tirs de sommation des soldats, souvent plus nombreux et lourdement armés. "Ce n'est pas facile", de maintenir l'ordre, "car ce n'est pas notre boulot", reconnaissait là aussi un soldat. "Quittez les rues, nous ne tirons pas de l'eau, nous tirons des balles" réelles, menaçait un autre militaire sur un ton hargneux. "Nous ne sommes pas là pour tirer sur les gens", confiait l'un de ses collègues, visiblement mécontent de devoir jouer le rôle de la police. La police est restée quasiment absente de ces quartiers, alors qu'elle a été le principal instrument de la répression qui a fait au moins une vingtaine de morts depuis le début des manifestations le 26 avril contre une candidature à un troisième mandat du président Nkurunziza. Mercredi 13 mai, les manifestants étaient parvenus à se rassembler en masse et pacifiquement dans le centre-ville, sur la place de l'Indépendance. Cette percée symbolique jusqu'au coeur de la capitale avait été suivie peu après par l'annonce de la destitution du président Nkurunziza par le général Godefroid Niyombare, un ancien compagnon d'armes du chef de l'Etat au sein de la guérilla hutu pendant la guerre civile (1993-2006). Les autorités ont lié le putsch au mouvement de contestation dans la rue, exigeant l'arrêt immédiat du soulèvement" populaire, et avertissant les manifestants qu'ils seront désormais "traités comme" des putschistes. Ces avertissements n'ont pas empêché les manifestants les plus déterminés à se rassembler, mais la peur de la répression annoncée a pour partie dissuadé de nombreux sympathisants du mouvement et éviter une mobilisation massive. "C'est clair que les soldats veulent nous terroriser. Ils vont peut-être même nous tirer dessus, mais nous allons rester dans la rue jusqu'à ce que Nkurunziza renonce à son troisième mandat", a lancé un manifestant. Les contestataires bénéficient toujours de nombreux soutiens dans les quartiers, où les habitants leur distribuent parfois de l'eau et de la nourriture. "Tout Nyakabiga est pour la manifestation", explique Roger, 36 ans, entrepreneur. Ceux qui n'aident pas directement "ne vont pas au travail", autre manière de "montrer notre détermination à lutter contre le troisième mandat". De nouvelles manifestations sont prévues mardi, et les jours suivants, jusqu'à ce que M. Nkurunziza renonce à sa candidature à la présidentielle du 26 juin, selon les organisateurs du mouvement. Les élections générales générales doivent en théorie débuter dans moins d'une dizaine de jours, avec des élections législatives et communales le 26 mai dont on ignore encore totalement si elles pourront effectivement se tenir.

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