Un face-à-face tendu a opposé lundi deux unités de l'armée burundaise déployées dans un même quartier de Bujumbura en proie à de nouvelles manifestations d'opposition au président Pierre Nkurunziza, signe de divisions persistantes au sein des forces de défense quatre jours après l'échec du coup d'Etat.
Selon des témoins et des journalistes de l'AFP, la brigade spéciale de protection des institutions, unité d'élite de l'armée assurant la garde présidentielle, est arrivée dans la matinée à Musaga (sud de Bujumbura) où l'armée était déjà déployée.
Les membres de la brigade, coeur des forces restées loyales au président Nkurunziza lors du putsch manqué, ont tiré en l'air, dispersant brièvement quelque 200 manifestants opposés à un troisième mandat du président Nkurunziza qui se sont immédiatement regroupés pour leur faire de nouveau face.
Des soldats de l'autre unité sont alors intervenus pour dire à leurs collègues de la brigade d'élite d'arrêter de tirer, ont raconté des témoins et un soldat. Et les deux groupes de soldats se sont fait face, levant leurs armes en l'air ou les pointant même parfois en direction des autres, selon les mêmes sources.
Le chef d'état-major adjoint de l'armée, Fabien Nzisabira, a dû se déplacer pour calmer le jeu. Un journaliste de l'AFP arrivé sur place après le face-à-face, l'a entendu dire aux civils très remontés qui étaient présents: "Nous sommes plus de 20.000 soldats, tous ne peuvent pas être sur la même ligne".
- Fracture -
A la mi-journée, des membres de la brigade de protection des institutions étaient toujours sur place, mais en retrait.
"Ne vous en faites pas, c'est nous qui sommes là maintenant, plus aucun soldat ne va vous tirer dessus", a assuré un soldat de l'armée classique aux manifestants, qui ont malgré tout rétabli des barricades sur la nationale qui traverse le quartier et mène vers le sud du pays.
De petits groupes de manifestants se sont rassemblés lundi dans plusieurs quartiers périphériques de Bujumbura, fiefs de la contestation contre un troisième mandat présidentiel depuis fin avril.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, brièvement interrompu la semaine dernière par le putsch manqué, c'est l'armée, et non la police, qui a été déployée pour assurer l'ordre. L'armée était jusqu'ici perçue par les manifestants comme plus neutre que la police, jugée elle aux ordres du pouvoir.
La tentative de coup d'Etat a été lancée mercredi par le général Godefroid Niyombare, et s'est soldée par un échec en moins de 48 heures, révélant au grand jour une fracture au sein des forces de défense.
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