L'appel du chef de l'opposition macédonienne, Zoran Zaev, aux manifestants à rester devant le siège du gouvernement jusqu'à la démission du Premier ministre Nikola Gruevski, accusé de corruption, a été suivi dimanche soir par une centaine des 20.000 personnes réunies dans la journée, a constaté l'AFP.
La pression que l'opposition de gauche entend maintenir sur le gouvernement dépend désormais de sa capacité à mobiliser les militants à rester dans la rue alors qu'une contre-manifestation de soutien au Premier ministre conservateur est prévue lundi soir à 18h00 GMT.
En début de soirée, les organisateurs de la manifestation ont remplacé la grande scène d'où les orateurs s'étaient adressés à la foule par une plus petite devant le siège du gouvernement.
Sur une pelouse du terre-plein au milieu des quatre voies du grand boulevard en face du bâtiment gouvernemental, les manifestants irréductibles se reposaient dimanche soir, selon un journaliste de l'AFP sur place. Plusieurs petites tentes ont été montées.
"Nous allons rester jusqu'au bout, car nous en avons par dessus la tête de ce gouvernement", a dit Lazar Popovski, 51 ans, un commerçant de Kumanovo.
Durant la manifestation le chef de l'opposition avait harangué la foule : "Nous allons rester ici devant le gouvernement! Nikola Gruevski doit démissionner. Tant qu'il n'est pas parti, nous n'allons pas quitter les lieux".
Brandissant des drapeaux macédoniens mais aussi albanais, les protestataires regroupés sur un boulevard longeant le siège du gouvernement scandaient "démission, démission", à l'adresse du Premier ministre en poste depuis neuf ans.
Selon une source proche de l'opposition ayant requis l'anonymat, le projet n'était pas de conserver sur place toute la foule, mais juste un nombre suffisamment important de manifestants, afin de maintenir la pression sur le gouvernement.
Défiant l'opposition, le Premier ministre conservateur a, lui, affirmé qu'il n'entendait aucunement démissionner. Il a ajouté, sans avancer de preuves, que derrière l'opposition se trouvaient des services secrets étrangers.
En revanche, trois de ses proches collaborateurs, les ministres de l'Intérieur et des Transports ainsi que le chef des services de renseignement, mis en cause dans le scandale sur les écoutes ont présenté leur démission.
- 'Dérive autoritaire et mégalomanie'
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Cette ex-république yougoslave de 2,1 millions habitants à majorité slave, dont un quart d'Albanais, est en proie depuis le début de l'année à une grave crise politique opposant les principales formations slaves.
Le pouvoir accuse l'opposition d'"espionnage" et de "volonté de déstabiliser le pays".
M. Gruevski et son parti VMRO-DPMNE ont été reconduits au pouvoir pour un mandat de quatre ans lors des législatives anticipées d'avril 2014.
Néanmoins, depuis l'opposition refuse de participer aux travaux du Parlement et dénonce des "fraudes" commises durant le scrutin.
Elle accuse également M. Gruevski de dérive autoritaire et de mégalomanie, dénonçant notamment un projet pharaonique d'embellissement de la capitale macédonienne, dont le coût est estimé à des dizaines de millions d'euros alors que 28% de la population est au chômage.
Le rassemblement de dimanche est intervenu une semaine après de violents affrontements entre forces de l'ordre macédoniennes et un commando d'origine albanaise, qui ont fait 18 morts dont huit policiers à Kumanovo (nord).
Ces violences ont fait craindre un conflit similaire à celui de 2001, lorsqu'une guérilla albanaise s'était rebellée contre les autorités pour réclamer davantage de droits pour la minorité albanaise dans ce pays balkanique.
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