Le Festival de Cannes a accueilli dimanche "Mon Roi" de Maïwenn, récit au scalpel d'une passion destructrice avec Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, et premier film français d'une compétition particulièrement riche cette année en longs métrages tricolores.
"Mon roi", quatrième film de l'actrice-réalisatrice de 39 ans Maïwenn - après "Pardonnez-moi", "Le Bal des actrices" et "Polisse" sur la brigade de répression des mineurs, qui avait obtenu le Prix du jury à Cannes en 2011 - raconte une histoire d'amour excessive entre une avocate, Tony (Emmanuelle Bercot) et Georgio (Vincent Cassel), un séducteur et beau parleur.
Tony, qui se retrouve après un accident de ski dans un centre de rééducation où elle commence à se reconstruire, se souvient de cette passion vibrante mais étouffante qu'elle a vécue.
Le film, co-écrit par Etienne Comar (scénariste de "Des Hommes et des dieux"), alterne les séquences dans le centre et les flash-backs, faisant le récit de dix ans de la vie de ce couple.
Maïwenn plonge à bras-le-corps dans leur intimité, de l'amour fulgurant et l'exaltation pleine de fantaisie des débuts au lent délitement de leur relation, sur fond d'antidépresseurs, de névroses, d'excès en tous genres, de séparations et de retrouvailles, de scènes de ménage hystériques et de déclarations d'amour tumultueuses.
"L'histoire d'amour, c'est un film que je ne fais que réécrire depuis dix ans", a raconté Maïwenn lors de la conférence de presse du film.
"Dernièrement j'ai une amie qui m'a raconté un accident qu'elle a eu et son séjour dans un centre de rééducation, et ça m'avait fasciné. J'avais envie aussi d'en faire un film. () Donc je me suis dit que j'allais faire deux films en un", a-t-elle dit avec humour.
"Cela permet de donner à mon personnage féminin un certain recul sur les dix ans qu'elle a passés", a-t-elle poursuivi, soulignant que le film racontait l'histoire d'une "femme qui reconstruit son corps".
- 'Liberté totale' -
Les personnages sont interprétés avec une énergie convaincante par Vincent Cassel et Emmanuelle Bercot, en femme qui se bat pour essayer de sauver une relation qu'elle sait mauvaise pour elle. Elle s'entête, malgré les conseils de son frère (Louis Garrel), dont la compagne est interprétée par Isild Le Besco, soeur de la réalisatrice.
"J'ai pensé que c'était trop lourd peut-être pour mes épaules" de jouer ce rôle, a expliqué Emmanuelle Bercot lors de la conférence de presse.
L'actrice, également réalisatrice du film d'ouverture du festival "La Tête Haute", et qui avait co-écrit "Polisse" avec "Maïwenn", a confié avoir eu "des hésitations de peur" avant d'accepter de jouer cette femme, dont la douleur physique et mentale est mise à nu et décortiquée dans le film.
"Le tournage du film a été très physique", a de son côté confié Vincent Cassel, également en compétition à Cannes avec un autre film, "Tale of Tales" de l'Italien Matteo Garrone.
Il a raconté que les acteurs avaient fait "de longues prises d'improvisation dirigée" pour ce film. "Je me suis retrouvé sur un terrain que je ne connaissais pas, celui d'une liberté - en tout cas apparente - totale", a-t-il dit.
Le film a été projeté dimanche matin à la presse en présence du Premier ministre Manuel Valls. "Difficile de ne pas sortir bouleversé après ce moment plein d'émotion", a commenté le Premier ministre, venu à Cannes pour un colloque sur les droits d'auteur.
Cinq films français sont en compétition cette année à Cannes, dont un autre réalisé par une femme, "Marguerite et Julien" de Valérie Donzelli, aux côtés de "Dheepan" de Jacques Audiard, "La loi du marché" de Stéphane Brizé et "The Valley of Love" Guillaume Nicloux.
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousA lire aussi
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.