"Elle va mourir la mamma" L'Italien Nanni Moretti a ému la Croisette aux larmes samedi avec "Mia Madre", film où il explore la mort d'une mère mais qui est aussi plein de ce qui est son cinéma depuis 40 ans, le rire, les larmes, bref "la vie des gens".
"Mes films ont toujours ces deux aspects, toujours des moments de douleur et d'autres amusants mais ce n'est pas une stratégie, c'est une manière de raconter la vie des gens", a déclaré Nanni Moretti aux journalistes à l'issue de la projection de presse où le film a été très applaudi.
A nouveau en course pour la Palme d'Or - récompense qu'il avait obtenue en 2001 pour le déchirant "La Chambre du fils", sur la mort d'un enfant - Moretti raconte cette fois la crise traversée par Margherita (Margherita Buy), une réalisatrice confrontée à la maladie de sa mère.
Cette réalisatrice est-elle le double du cinéaste ?
"Il y a beaucoup de moi dans le personnage de Margherita mais pas tout () tandis que Giovanni - le frère de Margherita qui maitrise la situation, incarné par Moretti - est peut-être la personne que je voudrais être", a expliqué le réalisateur romain, 61 ans.
Pour Margherita Buy, qui joue avec justesse Margherita, l'aspect autobiographique du film est évident.
- 'Quelque chose de Nanni' -
"Bien sûr, qu'il y a quelque chose de Nanni dans le film. Ce malaise que l'on vit lorsqu'il faut gérer le travail et une situation personnelle difficile, c'est quelque chose qu'il a vécu", a déclaré l'actrice fétiche de Moretti.
Mêlant fantasmes et réalité, comme souvent chez Moretti, le film évoque les angoisses professionnelles de la réalisatrice, obligée de composer avec l'ego de la vedette américaine de son film interprétée par John Turturro.
Irrésistible dans le rôle de l'acteur ingérable et mythomane, Turturro a dit avoir été "très touché par ce scénario merveilleux".
En le voyant danser à l'écran, comment ne pas penser à "Barton Fink" des frères Coen - présidents du jury cette année - qui lui avait permis d'obtenir le prix d'interprétation masculine à Cannes en 1991 et aux deux cinéastes américains de décrocher la Palme d'Or.
Moretti s'amuse parfois avec son alter ego féminin comme lorsque la réalisatrice excédée lâche à son équipe: "Mais pourquoi faites-vous tout ce que je vous dis ? Le réalisateur est un con à qui vous permettez tout!".
Parallèlement à la maladie de la mère, le film s'attache à la crise existentielle et personnelle traversée par Margherita, divorcée, qui vient de quitter son amant et vit avec sa fille en pleine crise d'adolescence.
C'est pendant le montage de son précédent opus, "Habemus papam" (sorti en 2011), que la propre mère de Moretti, professeure de lettres classiques, comme dans le film, est décédée.
"La mort d'une mère est un moment important pour tout le monde que j'ai voulu raconter sans sadisme", expliquait-il à la presse en Italie où le film est déjà sorti. Le cinéaste disait "être gêné de devoir parler de sa mère", avec qui il entretenait des liens très forts.
"Après, quand on fait un film, on fait un film et basta, même si le thème en est fort. On se doit d'être concentré sur le casting, la régie, le montage".
Moretti est un habitué de Cannes où Il y est venu à sept reprises pour présenter un film et une fois pour y présider son jury en 2012.
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