Au 18e siècle, il était "de bon ton" de déguster des sorbets: pour suivre cette mode lancée par La Pompadour, les châtelains fortunés creusaient des "glacières" pour stocker la glace hivernale, à l'instar de celle de Lissieu (Rhône) restaurée par des bénévoles.
Construite en 1760 dans le parc du château du Bois Dieu, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Lyon, cette glacière de 4,30 mètres de profondeur avait été remblayée dans les années 70 lors de l'urbanisation du secteur, explique à l'AFP Yves Jeandin, maire de la commune de 3.000 habitants.
En 2012, une association de bénévoles, soutenue par le Syndicat Michel Matray, décide de la restaurer dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine local. Les travaux, entrepris par une quinzaine de personnes, dureront trois ans pour une ouverture au public fin juin.
Au 18e siècle, la Saône et l'étang du château appartenant à la famille Fleurdelix restaient gelés pendant un mois l'hiver, rappelle Michel Matray, président de l'Association de sauvegarde des lavoirs et du petit patrimoine. D'où l'idée d'en casser la glace pour la stocker dans cette fosse cylindrique en pierres dorées de 60 m3, afin de l'utiliser l'été "pour boire frais et manger des sorbets aux fruits", explique ce bénévole.
- 'Le bling-bling du 18e siècle' -
Dix personnes s'y employaient quinze jours durant! Ils acheminaient les blocs de glace dans des charrettes à âne jusqu'à la "lucarne de chargement", située à l'arrière de la glacière, sous un amas de terre, à une centaine de mètres de l'étang.
"C'était le +bling-bling+ du 18e siècle, lancé par la Marquise de Pompadour, mais cette technique était déjà utilisée du temps des Romains et même en Iran, mille ans avant Jésus-Christ", assure M. Matray.
Une mode décriée par certains médecins de l'époque, invoquant la fin tragique, à Lyon, du dauphin François, le 10 août 1536, pour avoir bu glacé après une chaude partie de jeu de paume.
"Jusqu'à la fin du 18e siècle, la glace servait uniquement à rafraîchir des boissons et faire des glaces. Ce n'est qu'au 19e siècle qu'on s'est aperçu qu'elle pouvait aussi conserver des aliments", souligne M. Matray.
- 'Un travail titanesque' -
Pour pénétrer dans la glacière, l'été, il fallait franchir un premier sas de pierre affleurant sous un monticule de terre, puis un second, tous deux fermés par de lourdes portes en chêne. Au fil des utilisations, on descendait dans la fosse de 4,50 mètres de diamètre par une échelle en fer forgée. Et quand la glace fondait, l'eau était évacuée par un canal au fond de la glacière.
Au début de la restauration, il a fallu dégager l'ouvrage de la végétation et des remblais, explique celui qui a orchestré les travaux. Trois jours de travail "à la main" puis à l'aide d'une mini-pelle réalisés par quatre élèves de BTS, volontaires.
"En 2013, aidé par un maçon à la retraite, on a restauré la voûte effondrée", ajoute M. Matray. Il a ensuite fallu déblayer la terre. "Un travail titanesque pour extraire, seau après seau, des dizaines de m3 de terre sur 4,30 mètres de profondeur", dit-il. Six mois de travail, chaque mercredi après-midi, pour une quinzaine de bénévoles.
La reconstruction des murs et des voûtes des deux sas d'entrée a débuté en octobre dernier. Puis les carrelages d'origine ont été reposés.
A ce jour, une quarantaine de glacières ont été répertoriées dans le Rhône, mais seulement quatre d'entre elles ont été restaurées et ouvertes au public.
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