Au lendemain de la tentative de coup d'Etat contre le président burundais Pierre Nkurunziza, de violents affrontements opposaient jeudi à Bujumbura forces putschistes et loyalistes pour le contrôle de la radio et télévision nationale.
En début d'après-midi, les putschistes regroupés derrière le général Godefroid Niyombare ont lancé une nouvelle attaque contre les forces fidèles au président Nkurunziza postées autour de la radio et télévision nationale burundaise (RTNB) pour tenter de leur prendre le contrôle de ce bâtiment stratégique.
Le directeur de la station, Freddy Nzeyimana, a confirmé que l'émetteur avait été coupé sous l'effet de l'attaque.
"Nous sommes attaqués, c'est vraiment très, très fort, l'émetteur vient d'être coupé, on n'émet plus", a-t-il dit, alors que l'assaut durait depuis plus d'une heure.
Le contrôle de la RTNB est d'autant plus crucial que les trois principales radios privées du pays -- la très populaire RPA, Radio Bonesha et Insaganiro -- et la principale télévision indépendante, Télé Renaissance, qui diffusaient les messages des putschistes n'émettent plus.
Elles ont été elles-même attaquées, selon leurs patrons, par des forces pro-Nkurunziza et ne sont plus en capacité d'émettre ou ont stoppé leurs émissions de crainte d'être attaquées.
Les radios indépendantes sont dans le collimateur du gouvernement depuis le début des manifestations contre un troisième mandat de Pierre Nkurunziza qui ont débouché sur la tentative de coup d'Etat de mercredi, accusées de relayer les appels à manifester. Dès le premier jour de la contestation, le 26 avril, elles avaient été empêchées d'émettre hors de la capitale et la RPA complètement coupée le lendemain.
- Tirs nourris -
Sur place jeudi après-midi, un journaliste de l'AFP a entendu des tirs nourris de mitrailleuses entrecoupés de tirs d'obus, sans pouvoir accéder au bâtiment de la RNTB, dont l'accès était bloqué par des troupes pro-Nkurunziza.
Les tirs ont débuté immédiatement après la diffusion d'une allocution sur la RTNB du président burundais, bloqué en Tanzanie depuis le début de la tentative de coup d'Etat.
Le bâtiment de la RTNB avait déjà été l'objet d'intenses affrontements à l'arme lourde jeudi à l'aube, dans la foulée d'une intervention du chef d'état-major de l'armée, Prime Niyongabo, qui avait proclamé l'échec du coup d'Etat lancé la veille par le général Godefroid Niyombare.
Les déclarations du général Niyongabo avait immédiatement été démenties par les putschistes, qui assurent contrôler la quasi-totalité de la capitale.
Vingt-quatre heures après l'annonce de la destitution de Pierre Nkurunziza par le général Niyombare, ex-compagnon d'armes du président, il était cependant toujours impossible de dire qui détenait le pouvoir.
Des policiers déployés dans le centre de Bujumbura refusaient de dire à qui ils obéissaient, comme les militaires postés plus en périphérie, aux points stratégiques menant vers les quartiers au coeur, depuis près de trois semaines, des manifestations d'opposition à un troisième mandat du président.
Le centre-ville était très peu animé jeudi matin. "Nous avons eu peur après tous ces tirs dans la nuit", a confié un passant. "Mais comme il y a une accalmie, nous sommes passés voir ce qu'il se passe".
- Unités d'élite -
Selon des sources militaires, les putschistes sont organisés autour du 11e Bataillon parachutiste, unité d'élite de l'armée, et disent contrôler notamment l'aéroport international.
Le coeur du camp loyal à M. Nkurunziza s'appuie lui sur la Brigade spéciale de protection des institutions, avec le soutien de quelques autres unités. C'est cette brigade d'élite qui gardait jeudi encore la présidence, la RTNB et le siège national du parti présidentiel (Cndd-FDD).
Selon une source à la présidence tanzanienne, Pierre Nkurunziza est toujours dans un lieu tenu secret à Dar es Salaam, en Tanzanie, où il s'était rendu mercredi pour un sommet régional consacré à la crise politique burundaise, déclenchée par sa candidature à la présidentielle du 26 juin.
La société civile et une partie de l'opposition mènent la contestation contre cette candidature qu'elles jugent inconstitutionnelle. L'idée d'un troisième mandat du sortant, déjà élu en 2005 et 2010, divisait déjà depuis des mois jusqu'au sein du Cndd-FDD.
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