Les jihadistes du groupe État Islamique (EI), qui se vantent d'avoir détruit des sites antiques en Irak, menaçaient jeudi Palmyre, un joyau antique dans le désert syrien inscrit au Patrimoine mondial de l'Humanité de l'Unesco.
"Palmyre est menacé", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "La bataille se déroule à 2 km à l'est de la ville après que l'EI se soit emparé de tous les postes de l'armée entre al-Soukhna et Palmyre".
La valeur historique de cette oasis située à environ 240 km au nord-est de Damas est inestimable car elle abrite les ruines monumentales d'une grande cité qui fut l'un des plus importants foyers culturels du monde antique. Son architecture unit les techniques gréco-romaines aux traditions locales et aux influences de la Perse, selon l'Unesco.
"Je viens d'avoir au téléphone mes collègues à Palmyre, ils m'ont confirmé qu'ils (les jihadistes) étaient à deux km de la ville. L'aviation les bombarde et j'espère que ces barbares ne pénétreront pas dans la ville", a déclaré Maamoun Abdulkarim, le directeur des Antiquités et des musées syriens (DGAM).
"Si l'EI entre à Palmyre, ce sera sa destruction, une catastrophe internationale car vous pouvez cacher des objets mais comment voulez vous protéger l'architecture antique", dit-il. "Ce sera la répétition de la barbarie et de la sauvagerie qui s'est produite à Nimroud, Hadra et Mossoul", a-t-il averti, faisant référence à des sites antiques visés par les jihadistes ces derniers mois.
Les rebelles ont contrôlé la ville de février à septembre 2013 avant que Palmyre ne soit reprise par l'armée. Durant les combats le temple de Baal avait subi quelques flétrissures en raisons des échanges d'artillerie.
- 110 tués dans les combats -
Talal Barazi, le gouverneur de la province de Homs, dont fait partie Palmyre, a indiqué qu'après la chute mercredi d'al-Soukhna, 1.800 familles avaient fui vers Palmyre où trois centres d'accueil ont ouvert.
Depuis la nuit de mardi à mercredi, les combats dans cette zone ont fait 110 tués, dont 70 membres des forces du régime, parmi lesquels six officiers, et 55 jihadistes, dont deux chefs.
Parmi ces derniers, figure Abou Malek Anas al-Nachwan, qui était apparu sur une vidéo de l'EI montrant la décapitation en avril de 28 Éthiopiens en Libye, selon des sites jihadistes.
Une vidéo diffusée il y a un mois sur les réseaux sociaux a montré les jihadistes de l'EI détruire à coups de bulldozers, de pioches et d'explosifs le site archéologique irakien de Nimroud, joyau de l'empire assyrien fondée au XIIIe siècle.
Ils s'en étaient déjà pris à Hatra --une cité de la période romaine vieille de 2.000 ans-- et au musée de Mossoul, dans le nord de l'Irak.
En Syrie, les jihadistes ont déjà détruit deux magnifiques lions assyriens à Raqa, ville dont l'EI a fait sa capitale, et ont commis des destructions et permis des fouilles clandestines, parfois au bulldozer, sur les sites de Mari, Doura Europos, Apamée, Ajaja (nord-est), et Hamam Turkoman près de Raqa (nord).
"Les pillages et destructions de sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent" cette année, s'est alarmée mercredi la directrice générale de l'Unesco Irina Bokova au cours d'une conférence au Caire. L'EI "y a recours comme tactique de guerre pour terroriser les populations", a-t-elle précisé.
M. Abdulkarim assure n'avoir reçu aucun appel de la conférence, ni même avoir été invité, alors que la Syrie est boycottée par une grande partie des pays arabes. "En dépit de ce qui se passe à Palmyre c'est le silence de l'Unesco", se lamente-t-il.
Ailleurs en Syrie, 39 personnes dont 17 enfants ont été tués mercredi soir lors de raids de l'aviation du régime sur trois localités rebelles dans le sud de la province d'Alep, selon l'OSDH.
En visite à Damas, le chef de la Commission de la politique étrangère et la sécurité nationale du Parlement iranien, Alaeddine Bouroujerdi, a affirmé jeudi que le soutien de Téhéran "au gouvernement et au peuple syriens" était "stable et permanent".
Cette visite vise à rassurer les dirigeants syriens que les négociations en cours entre l'Iran et les États-Unis sur le nucléaire n'allaient pas modifier le soutien de Téhéran à Damas.
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