Premier film italien en course pour la Palme, "Tale of Tales" a plongé Cannes jeudi dans un bain de baroque et au casting international, signe d'une mondialisation croissante du 7e art.
Le film de Matteo Garrone, 46 ans, avec les stars mexicaine Salma Hayek et française Vincent Cassel est l'une des trois productions de l'Italie en compétition aux côtés de "Ma mère", de Nanni Moretti, 61 ans, et "Youth" de Paolo Sorrentino, 44 ans. Ce cinéma, en plein renouvellement, n'avait pas été aussi bien représenté à Cannes depuis 1994.
Libre interprétation du "Pentamerone", premier recueil européen de contes populaires écrit au XVIIe siècle en dialecte napolitain par Giambattista Basile, "Tale of Tales" ("Le Conte des contes") est un film en costumes fantastique mettant en scène rois, reines, princes et princesses, monstres, ogres, sorciers et fées.
Dans un univers plein de démesure, baignant dans une musique du Français oscarisé Alexandre Desplat qui entretient la tension dramatique, le film entremêle trois histoires, choisies parmi la cinquantaine de récits du livre.
Celle d'une reine (Salma Hayek) obsédée par son désir d'enfant puis par son fils, celle d'un roi libertin (Vincent Cassel) qui veut conquérir une femme, et celle d'un souverain (Toby Jones) fasciné par un animal et prêt à sacrifier sa fille.
Au gré d'un va-et-vient constant entre ces contes, "Tale of Tales" propose une atmosphère nouvelle pour le cinéma de Garrone, entre réalisme et merveilleux, sublime et grotesque.
"Film d'époque mais avec une clé moderne", dont le sujet central est "le désir" et ses excès, selon lui, "Tale of Tales" offre des scènes marquantes comme celle où Salma Hayek mange le coeur d'un monstre.
"J'ai cru que j'allais vomir!", a-t-elle raconté jeudi lors de la conférence de presse du film, confiant par ailleurs "n'avoir jamais porté de robe de moins de 30 kg" pendant le tournage. "C'était un défi physique!", a-t-elle lancé.
- "Aspect universel" -
Le réalisateur, qui avait obtenu le Grand Prix à Cannes en 2008 pour "Gomorra" et en 2012 pour "Reality", a choisi cette fois un format très international.
C'est la première fois qu'il tourne dans une autre langue que l'italien, avec des acteurs de nationalités diverses: outre Salma Hayek et Vincent Cassel, le Britannique Toby Jones ou l'Américain John C. Reilly.
Il s'inscrit dans une tendance forte observée dans les oeuvres en compétition à Cannes cette année: sur 19 films, six réalisés par des cinéastes non anglophones sont tournés en anglais avec des castings internationaux. Ceux de Paolo Sorrentino, du Norvégien Joachim Trier, du Mexicain Michel Franco, du Grec Yorgos Lanthimos et du Québecois Denis Villeneuve.
La tendance aux coproductions internationales en anglais est générale pour le cinéma comme pour les séries télé - les acteurs "bankables" et la langue rendant plus facile le financement et la vente des films à l'étranger.
Mais pour Matteo Garrone, son choix se justifie par d'autres critères. "Il y a un petit côté shakespearien", a-t-il dit. "Il me semble que faire un film en anglais pouvait conférer à ces contes un aspect universel", a-t-il expliqué.
"Ensuite nous avons décidé de rester bien ancrés dans nos racines, en Italie, avec une équipe en grande partie italienne. Et je ne crois pas avoir trahi l'âme de Basile", a-t-il poursuivi, ajoutant "ne pas avoir vécu de traumatisme particulier dans ce passage de l'italien à l'anglais".
Pour le président de l'Association des industries cinématographiques italiennes, Riccardo Tozzi, certains cinéastes italiens "cherchent à aller sur le marché en langue anglaise, mais en restant reliés au système productif italien et européen".
Cela "leur permet de conserver leur liberté créative", ajoute-t-il dans le magazine spécialisé "Le Film français".
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