Pour enrayer le trafic de drogue qui gangrène la ville de Saint-Ouen, la police a décidé de s'attaquer aussi aux clients, avec une première opération menée mercredi, a annoncé Bernard Cazeneuve dans un entretien au Parisien jeudi.
"Une opération conjointe de la police et des douanes est déployée depuis hier (mercredi, ndlr) après-midi à Saint-Ouen. Elle cible non seulement les vendeurs mais aussi les consommateurs", déclare le ministre de l'Intérieur.
"On ne peut pas accepter que des habitants des quartiers plus favorisés viennent tranquillement s'approvisionner en produits prohibés, perturbant la vie locale et contribuant à la dégradation de l'ordre et de la tranquillité publique", explique M. Cazeneuve qui annonce aussi, "sans les dévoiler", des "opérations de police" dans les jours qui viennent.
Mercredi, la police et les douanes ont contrôlé des clients et mis en oeuvre 49 transactions douanières (amendes) dont quatre concernant des mineurs dont les parents ont été convoqués, a précisé à l'AFP le porte-parole du ministère de l'Intérieur Pierre-Henry Brandet. Quatre personnes ont été placées en garde à vue, deux pour avoir refusé de payer l'amende et deux autres pour trafic.
"Cela a vocation à se répéter dans les jours qui viennent, de manière inopinée", a souligné M. Brandet.
Outre les 34 policiers et 6 douaniers mobilisés mercredi, "près de 50 policiers des compagnies républicaines de sécurité seront présents en permanence sur la ville. Ce dispositif de sécurisation de la voie publique sera dynamique et réactif", a dit Bernard Cazeneuve au journal.
"Douze nouvelles caméras" seront installées qui "permettront la couverture de deux nouveaux périmètres" et le gouvernement va "contribuer à financer" ce projet municipal, ajoute le ministre.
"L'ensemble des acteurs, acheteurs, rabatteurs, guetteurs, vendeurs et organisateurs, qui contribuent à la prospérité de ce trafic local, sont visés et feront l'objet systématiquement d'un traitement pénal dissuasif", prévient Bernard Cazeneuve.
La lutte contre le trafic passe aussi par une "action concertée avec les bailleurs, les collectivités, les associations et tous ceux qui veulent oeuvrer à l'amélioration du cadre de vie", a expliqué Pierre-Henry Brandet.
Dimanche, une centaine d'habitants de tous âges s'étaient réunis, à l'appel d'un collectif de mères de famille, pour dénoncer la violence après une série de fusillades dont la dernière fin avril à l'arme automatique a fait trois blessés, des acheteurs présumés.
Face à l'urgence de la situation, le maire divers-droite de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), William Delannoy, et le député PS Bruno Le Roux avaient été reçus début mai par Bernard Cazeneuve, qui avait promis des moyens.
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