La justice a confirmé mercredi le non-lieu dans l'affaire du Bugaled Breizh, suscitant la "rage" des familles des cinq marins morts dans le naufrage du chalutier breton en janvier 2004.
Une partie des familles et l'armateur ont immédiatement annoncé leur volonté de se pourvoir en cassation.
En mars, lors d'une audience qualifiée de la dernière chance, l'avocat général Pascal Bougy avait réclamé devant la chambre de l'instruction de la cour d'appel la confirmation du non-lieu prononcé il y a un an, portant un nouveau coup aux espoirs des proches des victimes qui réclamaient la poursuite des investigations.
L'arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes va dans le sens souhaité par l'avocat général. "Il ne peut qu'être constaté () que les causes du naufrage du Bugaled Breizh n'ont pu être établies avec certitude: accident de pêche ou intervention d'un sous-marin. () L'information n'a ainsi pas mis en évidence d'éléments suffisants permettant de caractériser les infractions pour lesquelles elle a été ouverte () et aucune investigation complémentaire n'apparaît susceptible d'être utilement ordonnée", écrit la juridiction dans son arrêt.
Cette décision a fait bondir les proches des victimes. L'armateur du Bugaled, Michel Doucet, a exprimé sa "rage" face à cette décision qui constitue à ses yeux "un mépris total" envers les victimes et une "injustice". "Il va y avoir un pourvoi en cassation et, s'il le faut, j'irai jusqu'à la cour européenne de justice", a-t-il dit.
"Qu'on ne vienne plus nous dire que la France est le pays des droits de l'homme", a déclaré pour sa part Thierry Lemétayer, dont le père Georges était le mécanicien du Bugaled. Il a fait valoir que, quand un drame de cette nature n'est pas éclairci, "les faits se reproduisent", citant en exemple "deux bateaux accrochés récemment au large de la Grande-Bretagne" par des sous-marins au cours d'exercices de l'OTAN, dans des conditions voisines de celles du naufrage du Bugaled Breizh.
Les proches continuent de croire que le Bugaled Breizh, immatriculé au Guilvinec (Finistère), a été envoyé par le fond par un sous-marin qui se serait pris dans ses filets.
- Nouveaux recours en vue -
Des man?uvres internationales avec des sous-marins de diverses nationalités, y compris français, se déroulaient dans la zone où le chalutier était en train de pêcher au moment de l'accident le 15 janvier 2004, au sud-ouest de l'Angleterre.
Close le 3 juillet 2013, l'instruction du dossier, qui s'est plusieurs fois heurtée au secret défense, n'a pas validé cette thèse.
Début mars, lors de l'audience devant la chambre de l'instruction, Me Dominique Tricaud, l'avocat de Thierry Lemétayer, et les deux autres avocats des parties civiles avaient à nouveau plaidé pour que la justice reconnaisse la responsabilité d'un submersible, dénonçant un dossier placé "sous le signe du mensonge par action et par omission".
Mais l'avocat général Pascal Bougy avait demandé la confirmation du non-lieu, estimant qu'il fallait "avoir le courage de dire qu'on ne peut pas continuer indéfiniment une enquête quand on a la certitude qu'il n'y a plus la moindre chance de prouver quoi que ce soit".
Les parties civiles ont cinq jours pour se pourvoir en cassation. Si MM. Doucet et Lemétayer ont annoncé mercredi leur intention en ce sens, d'autres proches pourraient en rester là. "Mes clients sont lassés, fatigués, et ils m'ont dit qu'ils n'iront pas au-delà", a déclaré Christian Bergot, avocat d'autres parties civiles.
L'avocat est pessimiste sur la possibilité de connaître un jour la vérité. Rappelant que "les gens qui étaient aux affaires à l'époque" sont maintenant pour partie à la retraite et "peuvent donc s'exprimer librement", il a estimé: "Si le silence a été tenu pendant ces 11 années, je crains malheureusement que les gens ne parlent pas."
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