Les actes homophobes, qui s'étaient envolés dans le sillage des débats sur le mariage pour tous, ont reflué de 38% en 2014 même si, au quotidien, "la haine et la violence se manifestent toujours autant", selon le rapport annuel de SOS Homophobie publié mardi.
En 2014, l'association a recueilli 2.197 témoignages faisant état d'actes homophobes contre 3.517 l'année précédente. Cette "baisse du nombre de témoignages reçus" arrive après la "hausse sans précédent" de 2013, année de "la libération de la parole homophobe" liée aux "débats sur le mariage pour tous", écrit-elle dans ce document de 184 pages intitulé "Homophobie 2015".
"En 2013, nous avions reçu un nombre sans précédent de témoignages", souligne le président de SOS Homophobie Yohann Roszéwitch. "Un an plus tard le nombre de témoignages a baissé mais dans () la vie quotidienne, la haine et la violence se manifestent toujours autant."
Si on met de côté l'année 2013, les actes homophobes ont du reste augmenté de 11% en 2014 par rapport à 2012. La hausse est même de plus de 40% par rapport à 2011.
En 2014, la baisse est surtout spectaculaire sur internet, le "principal vecteur d'homophobie en France", avec une chute de 53% des manifestations homophobes par rapport à l'année précédente.
Mais dans un contexte plus concret et "quotidien", comme celui du travail, les témoignages reculent peu ou pas.
"Phénomène inquiétant", le nombre de témoignages relatifs au milieu scolaire ne diminue par exemple que de 13% tandis qu'il augmente "dans le contexte famille" (+11%).
Et les agressions physiques ne baissent que de 14% en un an (163 cas en 2014 contre 188 en 2013).
- "Faire interner" son fils homo -
Dans son rapport publié deux ans après l'ouverture du mariage aux couples de même sexe et des vifs débats qui l'ont accompagnée, SOS homophobie rend compte du large spectre des insultes et agressions dont sont victimes les homosexuels, du "sale PD" lâché par un voisin, au viol subi par Aurore, dans le Nord, parce "que cela excitait" un homme "de rendre une lesbienne hétérosexuelle".
Entre les deux, les malheurs du quotidien. "A Nancy, Léa, 16 ans, embrasse sa petite amie avant de monter dans le bus devant son lycée. Le chauffeur de bus l'asperge d'eau () et lui explique qu'il est +contre l'homosexualité+".
A la sortie d'un bar, quelque part en France, Latifa et sa petite amie montent dans un taxi et s'embrassent. Le chauffeur s'arrête et les fait descendre: "On ne s'encule pas dans ma voiture".
Luc, 17 ans, fait son coming-out en famille. Ses parents veulent "le faire interner" pour "l'obliger à suivre une thérapie"
"Nous espérions que les premières célébrations de mariages entre deux femmes ou deux hommes, que les premières reconnaissances de familles homoparentales allaient enfin permettre le recul des LGBTphobies. Au contraire, () nous avons assisté à une banalisation des paroles de haine", écrit le président de SOS homophobie.
L'association relève néanmoins le comportement exemplaire de certaines institutions confrontées à des actes homophobes. Comme la société américaine de véhicules avec chauffeur Uber qui a rapidement suspendu puis radié un de ses chauffeurs qui refusait de prendre dans son véhicule un couple d'homos à Paris.
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