Après une visite historique lundi à Cuba, où il s'est entretenu avec le père de la révolution Fidel Castro, le président français François Hollande sera mardi en Haïti pour signer plusieurs accords de coopération et soutenir les efforts de reconstruction.
Après la venue de Nicolas Sarkozy à la suite du terrible séisme qui avait frappé Haïti en janvier 2010, il s'agit de la deuxième visite d'un président français dans le pays des Caraïbes qui fut sa plus riche colonie. Un voyage officiel cette fois d'importance: François Hollande sera accompagné de plusieurs ministres et secrétaires d'Etat ainsi que par une importante délégation de représentants du secteur privé.
Dans un élan de devoir de mémoire, après la visite du musée du panthéon national haïtien, François Hollande et son homologue Michel Martelly donneront leurs discours à la nation au coeur de la capitale Port-au-Prince, devant la statue de Toussaint Louverture, l'un des pères de l'indépendance haïtienne.
Afin de renforcer les échanges économiques entre les deux pays, les chefs d'Etat signeront plusieurs accords, dont l'un permettra au pays de la Caraïbe d'exporter sa production de bananes biologiques vers le marché européen.
Pour soutenir le relèvement d'Haïti, miné par une pauvreté endémique, la France va développer ses relations avec le pays via ses départements ultramarins. George Pau-langevin, la ministre française des Outre-mer, ainsi que les présidents des régions Martinique et Guadeloupe, accompagneront le président français tout au long de sa journée en Haïti.
Preuve de la coopération humanitaire internationale à long terme, le chantier de reconstruction de l'hôpital de l'Université d'Etat d'Haïti (HUEH) sera une étape majeure de la visite officielle. Le 12 janvier 2010, plus de la moitié du plus grand centre hospitalier d'Haïti avait été détruite par le séisme de magnitude 7, qui avait provoqué la mort de 230.000 personnes en Haïti.
- Dette morale et financière -
La France et les Etats-Unis s'étaient engagés, suite à la catastrophe, à reconstruire l'établissement. Les deux pays amis d'Haïti ont chacun mobilisé 25 millions de dollars pour ce projet, qui devrait s'achever au deuxième semestre de 2017.
La venue en Haïti de François Hollande intervient à l'heure où le pays va finalement entrer en période électorale. A cause d'une crise politique profonde entre le président Michel Martelly et l'opposition, aucune élection n'avait pu être organisée en Haïti depuis plus de trois ans. Et cet important retard a provoqué, faute de députés et sénateurs élus, l'arrêt complet du travail parlementaire depuis janvier.
Les plus farouches détracteurs du président Martelly, ancienne star de la chanson, assurent que ce dysfonctionnement institutionnel était voulu par le pouvoir exécutif. Ces opposants attendent donc de François Hollande un discours fort rappelant l'impérieuse nécessité du respect des principes démocratiques.
Les mots du président français en Haïti seront d'autant plus scrutés que sa déclaration, dimanche en Guadeloupe, sur l'acquittement de la dette française envers Haïti a suscité beaucoup d'espoirs dans l'ancienne colonie. Des espoirs rapidement douchés quand l'entourage de François Hollande a précisé qu'il s'agissait d'un acquittement moral de la dette et non financier.
Au 19e siècle, Haïti, première république noire de l'histoire a dû, pour obtenir sa reconnaissance sur la scène diplomatique, payer des indemnités aux anciens colons français pour compenser leur perte de revenus. Une somme estimée aujourd'hui à 17 milliards d'euros que beaucoup d'Haïtiens voudraient récupérer.
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