Président d'honneur suspendu du Front national, Jean-Marie Le Pen a franchi lundi soir un pas de plus dans le conflit avec sa fille Marine en annonçant qu'il allait créer sa propre formation, qui ne sera toutefois "pas concurrente du FN".
"Je ne vais pas créer un autre parti. Je vais créer une formation qui ne sera pas concurrente du FN", a affirmé sur Radio Courtoisie le patriarche frontiste, suspendu le 4 mai par les instances du parti qu'il avait cofondé en 1972.
Cette formation, a-t-il expliqué, sera "un parachute contre le désastre, de façon à peser pour rétablir la ligne politique qui est celle qui a été suivie depuis des décennies".
Une annonce aussitôt minimisée par le FN : "Il s'agit d'une non-information pour le Front National", a réagi auprès de l'AFP un responsable du parti. "Ce sera quoi ? L'association des amis de Jean-Marie Le Pen, par Jean-Marie Le Pen, pour Jean-Marie Le Pen et présidée par Jean-Marie Le Pen ?" a-t-il ironisé, avant de conclure qu'"il va de soi que le FN ou le RBM (Rassemblement Bleu Marine) exclura toute forme d'entente avec cette association".
Élu pour la première fois à l'Assemblée nationale en 1956, M. Le Pen a de son côté prévenu qu'il se "battrait tant qu'(il) en a la force". "Je ne me laisserai pas faire, je crois qu'il faut rétablir dans le mouvement une véritable démocratie", a critiqué M. Le Pen, qui a demandé vendredi que l'assemblée générale extraordinaire, convoquée par sa fille pour retirer son titre de président d'honneur des statuts du FN, soit physique et non "par correspondance".
M. Le Pen a ciblé à plusieurs reprises, comme il le fait depuis quelques temps, le vice-président du parti, Florian Philippot. "Je ne veux pas que le FN devienne comme le mouvement de (ndlr: Gianfranco) Fini (en Italie), une aile droite de la majorité, de façon que M. Philippot et quelques autres deviennent ministres" a-t-il asséné.
- 'L'irréductibilité face à la décadence' -
"J'attends que (ma fille) choisisse entre son père et Philippot", a-t-il renchéri. Pour autant, M. Le Pen s'est dit "attristé de cette situation". "Marine Le Pen a une grande valeur, c'était quelqu'un de grande qualité", a-t-il ajouté, parlant à l'imparfait de cette femme "qui supporte des responsabilités écrasantes."
Est-elle à la hauteur? "C'est le problème. On l'a peut-être laissée trop seule avec ses collaborateurs. Je souhaite qu'elle soit à la hauteur, car si elle ne l'est pas, personne ne le sera et 2017 est une échéance capitale", a-t-il estimé.
"Si Marine Le Pen retrouve les chemins de la liberté de pensée, et si elle est capable de prendre des responsabilités autres que celles suggérées par de mauvais conseillers, je crois que tout est possible", a-t-il déclaré, avant de s'attaquer de nouveau à M. Philippot et son entourage, "un petit groupe de prédateurs, une mafia, une camarilla".
Il reconnaît toutefois que "M. Philippot a du talent, un talent technique, il a su se rendre indispensable. Il a tiré le parti vers la gauche".
Marine Le Pen avait décidé de frapper lourdement contre son père après sa nouvelle salve de provocations, guère nouvelles sur le fond, début avril: répétition de sa vision plusieurs fois condamnée par la justice des chambres à gaz, "détail" de l'Histoire, défense du maréchal Pétain, du "monde blanc" et critique en règle de la démocratie.
Des déclarations en contradiction directe avec la stratégie de dédiabolisation du FN suivie par Mme Le Pen, consommant ainsi la rupture entre le père et la fille. Celui qui est surnommé le Menhir n'éprouve aucun regret par rapport à ces déclarations provocantes: "J'étais le symbole de l'irréductibilité face à la décadence", s'est-il défendu lundi soir.
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