L'action du géant de l'électronique japonais Sharp, dans une situation catastrophique, s'est effondrée lundi à la Bourse de Tokyo, les médias affirmant que la multinationale allait procéder à une réduction de 99% de son capital pour tenter d'éviter la faillite.
Malmené depuis des mois par des rumeurs, le titre de ce fleuron national a chuté de 26,35% en clôture, à 190 yens, après avoir dévissé de 31% en début de matinée, du jamais vu en plus de 40 ans. Il ne pouvait pas tomber plus bas pendant la séance de lundi en vertu des règles du marché.
Les investisseurs accordent la plus grande foi aux informations de presse qui font état d'un projet de réduction de 99% du capital de Sharp.
"A l'heure actuelle, nous réfléchissons à diverses possibilités, y compris l'émission d'actions préférentielles ou la réduction de capital, mais rien n'a été décidé", a répondu Sharp dans un bref communiqué.
"Nous ferons part de nos choix lors de la présentation de nos résultats et de notre plan d'affaires à moyen terme le 14 mai", a précisé l'entreprise.
Une telle réduction de capital serait sans précédent pour une société de cette envergure qui totalise un chiffre d'affaires annuel de plus de 20 milliards d'euros.
Elle verrait en effet passer son capital actuel de 120 milliards de yens (890 millions d'euros) à 100 millions de yens (740.000 euros) ou moins, réduit comme une peau de chagrin, mais les droits de vote des actionnaires resteraient cependant intacts.
L'objectif serait de faire revenir la multinationale dans une catégorie où la pression fiscale est moindre et lui permettre d'effacer ses pertes.
"Sharp reviendrait à une situation jugée plus saine, où le capital reflète mieux l'état financier de la société", et cela lui permettrait de repartir sur des bases plus justes, en bénéficiant notamment du statut fiscal plus avantageux de PME, note l'analyste Seiji Osagawara.
Ce procédé, s'il est effectivement envisagé par le groupe, doit néanmoins être approuvé par l'assemblée générale des actionnaires en juin.
La presse a récemment fait état d'informations selon lesquelles le gouvernement aurait fait pression sur les banques pour qu'elles évitent le naufrage de Sharp.
Le géant de l'électronique traverse depuis des années une crise qui a épuisé plusieurs patrons après des réorganisations ou cessions d'activités qui n'ont pas suffi à remettre durablement l'entreprise d'aplomb.
La firme est plus particulièrement secouée par la concurrence sur le segment des écrans de smartphones et tablettes, son domaine d'excellence.
Par ailleurs, après avoir souffert de l'appréciation du yen qui l'a forcé à délocaliser à l'étranger la production d'appareils électroménagers, Sharp pâtit désormais de la baisse importante de la devise qui a pour effet de renchérir les prix des produits assemblés à l'extérieur et importés ensuite pour être vendus au Japon.
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