Vingt-deux personnes ont été tuées lors d'affrontements samedi et dimanche à Kumanovo, dans le nord de la Macédoine, entre la police et des dizaines de membres d'un groupe armé, présumés d'origine albanaise, qui s'étaient retranchés dans un quartier de la ville.
L'Union européenne s'est déclarée "profondément préoccupée" par ces violences, qui réveillent la crainte d'un conflit similaire à celui de 2001, qui a opposé pendant six mois les forces armées aux rebelles albanais réclamant davantage de droits au sein de la société.
"Huit policiers ont été tués et 37 blessés", a déclaré à la presse un porte-parole de la police, Ivo Kotevski, précisant que l'opération contre le groupe armé était sur le point de s'achever.
"D?autre part, 14 cadavres en uniforme ont été retrouvés sur place", a-t-il ajouté, faisant référence aux membres du groupe armé.
Selon lui, les assaillants faisaient partie d'un "groupe terroriste particulièrement dangereux", dont les membres sont sous mandat d'arrêt international.
D'après le porte-parole de la police, plus d'une trentaine de personnes ont participé à l'attaque, pour la plupart des citoyens de Macédoine, mais aussi cinq du Kosovo et un d'Albanie, tous présumés d'origine albanaise.
Ce groupe est "venu d'un pays voisin", avait assuré samedi la police sans l'identifier, mais la presse locale affirme qu'il s'agit du Kosovo majoritairement albanais.
"Le groupe terroriste a été annihilé. L'opération approche de sa fin", a affirmé dans l'après-midi M. Kotevski, assurant qu'une importante quantité d'armes a été retrouvée sur place.
Ces affrontements surviennent quelques semaines après qu'un groupe armé d'Albanais venus du Kosovo a brièvement pris possession, le 21 avril, d'un petit commissariat de police à la frontière nord de la Macédoine, réclamant la création d'un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.
"Toute escalade ultérieure de la violence doit être évitée, dans l?intérêt de la stabilité générale dans le pays", a déclaré dans un communiqué le commissaire européen à l'Elargissement Johannes Hahn.
Alors que la Serbie renforçait ses troupes aux frontières, l'Albanie et le Kosovo ont aussi lancé des appels au calme, Pristina demandant "à toutes les parties de trouver une solution par la voie du dialogue politique".
A Skopje, le ministère de l'Intérieur a précisé qu'une vingtaine de membres de ce groupe s'étaient rendus aux forces de l'ordre, samedi en fin d'après-midi, et qu'ils étaient sur le point d'être présentés devant la justice.
Depuis samedi à l'aube, Kumanovo, située à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale, a été le théâtre de scènes de guérilla urbaine.
Des troupes d'élite, des transports de troupes blindés, des policiers casqués et portant des gilets par balles ont bouclé le quartier à majorité albanaise musulmane où étaient retranchés les membres du groupe.
Des dizaines d?habitants ont fui le quartier, et les rues de la ville étaient presque désertes.
Dimanche, des obsèques des policiers macédoniens tués ont eu lieu dans leurs villes d'origine, comme à Tetovo, ville à majorité albanaise, où des dizaines de personnes ont marché en silence dans les rues vers le cimetière, derrière le cercueil du policier Sasho Samoilovski, selon la coutume slave chrétienne orthodoxe.
La Macédoine, pays de 2,1 millions d'habitants, est en majorité slave orthodoxe. La minorité albanaise musulmane représente un quart de la population.
Candidate à l'adhésion à l'UE depuis dix ans, cette ex-république yougoslave est par ailleurs en proie à une grave crise politique - qui oppose depuis des mois les principales formations slaves -, l'opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et de la mise sur écoute de 20.000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux.
A Skopje, les autorités ont appelé la population au calme et proclamé dimanche deux jours de deuil national.
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