Le principal parti d'opposition d'Afrique du Sud, l'Alliance démocratique (DA), a désigné dimanche son premier leader noir, une révolution pour cette formation toujours très blanche qui doit étendre son électorat si elle veut concurrencer l'ANC.
L'annonce de l'élection de Mmusi Maimane, 34 ans, pour remplacer Helen Zille, la dirigeante blanche de la DA, a été saluée par des vivats et des chants des délégués en conclusion d'un congrès du parti à Port Elizabeth (sud).
"Nous avons écrit l'histoire aujourd'hui", a relevé le nouveau numéro deux du parti, Athol Trollip.
Mmusi Maimane est depuis un an le chef du groupe parlementaire de la formation à l'Assemblée nationale sud-africaine, ce qui lui donne déjà le titre de chef de l'opposition officielle.
Considéré comme le protégé d'Helen Zille, il a conduit la liste de la DA aux élections municipales à Johannesburg en 2011, puis l'an dernier dans la province du Gauteng (Johannesburg et Pretoria). Avec à chaque fois des scores honorables face à l'ANC.
Parfois surnommé "le Barack Obama de Soweto" pour ses talents d'orateur, il est devenu en 2014 chef du groupe parlementaire DA à l'Assemblée nationale, ce qui lui donne le titre de chef de l'opposition officielle.
Diplômé en théologie, et très religieux, il prêche régulièrement dans une église de la Liberty Church --une congrégation évangélique, conservatrice-- à Johannesburg, et c'est par l'église qu'il a rencontré sa femme Natalie, qui est blanche.
Mais en tant que chef de parti, Mmusi Maimane s'est montré attaché dimanche aux valeurs libérales de la DA.
"En tant que démocrates, nous allons travailler sans relâche pour créer une société juste", a-t-il lancé après son élection.
"Nous voulons montrer à l'Afrique du Sud que quand Nelson Mandela est mort, son rêve d'une nation Arc-en-ciel n'est pas mort avec lui."
Mmusi Maimane succède à la très dynamique Helen Zille, une ancienne journaliste qui a dirigé la DA pendant huit ans.
La DA n'est plus grâce à elle le "parti de Blancs" que brocarde toujours l'ANC, ayant réuni 22,2% des voix aux législatives de l'an dernier quand les Blancs ne représentent que 9% de la population (et les Noirs 80%).
- Ambitions électorales -
Mais pour de nombreux observateurs, le parti devait se choisir un dirigeant de couleur s'il veut peser face à la toute-puissance de l'ANC, qui écrase la scène politique sud-africaine depuis l'avènement de la démocratie en 1994, malgré ses piètres performances économiques.
La personnalité de Mmusi Maimane devrait aider, estime le Sunday Times dans un éditorial dimanche, mais "il devra être autre chose qu'un visage noir souriant" et attirer de nouveaux électeurs dans les townships sans pour autant faire fuir ceux qu'Helen Zille avait rassemblés.
"Cela sera difficile parce que notre but est de gagner le soutien d'électeurs de toutes les races, au moment même où les clivages raciaux augmentent", a reconnu le nouveau dirigeant.
"Alors qu'ils font tomber des statues, nous allons construire des écoles et créer des emplois", a-t-il promis, au moment où de nombreux monuments laissés par les anciens maîtres blancs du pays ont été victimes d'actes de vandalisme et devraient finir au musée.
La DA devra notamment adopter une ligne claire. Partisane de l'égalité des chances pour tous, elle a changé d'avis à plusieurs reprises ces dernières années face à la politique de discrimination positive menée par l'ANC pour favoriser les Noirs à l'embauche.
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