François Hollande en Guadeloupe avec une trentaine de dirigeants africains et caribéens, la militante américaine Angela Davis à Nantes: la journée nationale de commémoration de la traite et de l'abolition de l'esclavage revêt cette année un caractère international.
Le chef de l'Etat français doit inaugurer dimanche le plus grand centre au monde d'expressions et de mémoire sur la traite et l'esclavage, à Pointe-à-Pitre.
Ce Mémorial ACTe "permettra à la Guadeloupe et au-delà à la Caraïbe toute entière, avec un lien profond avec l'Afrique, de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n'est pas achevé", a déclaré samedi M. Hollande depuis la Martinique, étape précédente de sa vaste tournée dans la Caraïbe qui le mènera ensuite à Cuba et Haïti. Il a fustigé les "nouveaux négriers" de migrants en Méditerranée tout comme l'exploitation des enfants soldats, entre autres formes modernes d'esclavage.
"Ce Mémorial n'appartient pas seulement aux Guadeloupéens, aux Français ou aux peuples qui ont cette sombre histoire en partage", a dit à l'AFP Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, qui sera présente dimanche.
"Il interpelle aujourd'hui le monde entier sur l'abomination de l'esclavage tel qu'il a été pratiqué pendant des siècles, mais aussi sur l'impérieuse nécessité de demeurer vigilants face à toutes les formes d'exploitation, de trafics d'êtres humains et face au racisme dangereusement banalisé", ajoute cette Canadienne née en Haïti.
Christiane Taubira, qui acccompagne le président dans tout son périple, a elle critiqué la confusion entre "l'esclavage historique" et l'esclavage moderne faisant notamment valoir que le premier était "codifié régulé" alors que le second n'est "pas un système autorisé". Pour la garde des Sceaux, "on doit combattre l'esclavage aujourd'hui mais la confusion est mauvaise conseillère et en plus elle est l'apanage des imbéciles".
- "Vivre libre ou mourir" -
Le chef de l'Etat visitera le MACTe le dimanche matin, avant les allocutions officielles. Les comédiens sénégalais Aliou Sissé et français d'origine guadeloupéenne Jacques Martial (aussi président de la Villette) diront des textes des poètes et penseurs martiniquais Edouard Glissant et Aimé Césaire ainsi que de Louis Delgrès.
Ce héros de la résistance à la réintroduction de l'esclavage en Guadeloupe en 1802, est resté célèbre pour s'être fait sauter à l'explosif avec ses camarades de lutte plutôt que de se rendre aux troupes napoléoniennes, fidèle à la devise révolutionnaire "Vivre libre ou mourir".
Cette inauguration sera retransmise vers en direct vers 18H00 au jardin du Luxembourg à Paris, où se tiendra la traditionnelle cérémonie du 10 mai, présidée par le Premier ministre Manuel Valls.
A Nantes, premier port négrier français, la commémoration sera célébrée en présence d'Angela Davis, figure du mouvement noir américain et de la lutte pour les droits civiques dans les années 70. La médaille de la ville lui sera remise sur le parvis du Mémorial de l'abolition de l'esclavage érigé en 2011 sur les bords de la Loire, au c?ur de la ville, d'où partaient les expéditions négrières.
Après le moment de recueillement sur la passerelle Schoelcher (acteur de l'abolition définitive de l'esclavage en 1848), une exposition photographique sera inaugurée. Dans la région des Guyanes, Nicola Lo Calzo est allé à la rencontre des peuples issus du "marronage", descendants des "nègres marrons", ces esclaves ayant fui les plantations. Ces peuples, par leurs langues, leurs rituels, leurs pratiques culturelles témoignent de leur capacité à avoir su préserver une culture de résistance.
A Brest, une sculpture, baptisée "Mémoires", sera inaugurée dimanche. Haute de 10 mètres, installée sur le domaine public, "à la pointe de la France et de l'Europe", "la sculpture représente deux masques, l'un regardant le continent européen, le second les quatre autres continents. Ces deux masques représentent l'universalité des mémoires de l'esclavage", a commenté auprès de l'AFP l'initiateur de ce monument, Max Relouzat, président de l'association "Mémoire des esclavages", et lui-même petit-fils d'esclave.
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