François Hollande a appelé samedi à la solidarité entre pays riches et pays pauvres dans la lutte contre le réchauffement climatique, lançant "un appel de Fort-de-France", à l'ouverture du sommet Caraïbe climat organisé par la France à la Martinique.
Sept mois avant la conférence Climat 2015 organisée en décembre à Paris, dont il a fait un enjeu crucial de son quinquennat, le président a dès son arrivée souligné l'urgence d'agir contre le réchauffement de la planète.
Le sommet accueille une trentaine de délégations de toute la Caraïbe, dont le président haïtien Michel Martelly, 13 Premiers ministres et 6 ministres, dont la ministre de l'Environnement cubaine.
M. Hollande a appelé à la "mobilisation de l'ensemble des pays caribéens parce que ce sont eux qui vont apporter des témoignages à la fois sur les risques, les conséquence du réchauffement climatique mais aussi sur les solutions".
Selon lui, l'appel de Fort-de-France est lancé "pour qu'à la Conférence de Paris une attention très forte soit portée" aux problèmes auxquels sont confrontés les îles caribéennes.
Il a assorti cet appel d'un nouvel avertissement aux pays les plus prospères, proclamant: "Moi, j'ai prévenu les pays riches. Je leur ai dit: s'il n'y a rien en termes de financement pour les pays qui sont les plus fragiles et les plus pauvres, ils ne vous suivront pas".
"Nous avons une unité à avoir, un rassemblement à opérer", a-t-il plaidé, soulignant qu'"on ne pourra pas faire la séparation quand il y a un cyclone entre les pays riches et les pays pauvres".
Les pays insulaires de la Caraïbe, qui ne contribuent qu'à hauteur de 0,3% aux émissions de gaz à effet de serre, ressentent puissamment les effets du changement climatique : montée du niveau des eaux, renforcement des épisodes climatiques violents, prolifération d'algues Sargasses qui empoisonnent ses rivages
Sous un soleil de plomb, il a ensuite accueilli ses hôtes au côté du président d?Haïti Michel Martelly, au son grave des conques de Lambris, ces grands coquillages dont se servaient jadis les esclaves pour communiquer.
Alors qu'en février l'actrice Marion Cotillard était montée sur scène en Indonésie pour lancer "un appel de Manille", cette fois "l'appel de Fort-de-France" a été déclamé à quatre voix, dont celle de la ministre de l?Écologie Ségolène Royal.
- 'Une bombe à retardement' -
Un texte parsemé de formules lyriques qui évoque une "haute conscience-monde" nécessaire pour "surmonter ces défis" climatiques.
Sur le fond, l'appel se présente comme un cahier de doléances et de propositions des pays caribéens appelant notamment "les dirigeants mondiaux" à "entendre l'appel des pays les plus vulnérables".
"Même si les Caraïbes n'assument qu'une part infime des émissions mondiales de gaz à effet de serre, nos gouvernements veilleront à contribuer pleinement à l'action internationale", proclame-t-il aussi.
Dans cette "patrie commune" que constitue la planète "nul ne pourra se sauver seul", proclame également le texte.
Parlant d'"une bombe à retardement", Serge Letchimy, le président de la Région Martinique, a ouvert le sommet en évoquant la situation inégale entre pays riches et pauvres face aux effets du réchauffement, soulignant par exemple la possibilité que "la moitié des iles des Bahamas ne disparaissent sous l'effet de la montée des eaux".
Depuis des mois, M. Hollande s'est fait le porte-parole de la cause climatique dans quasiment tous ses déplacements à l'étranger.
Six ans après le fiasco de la conférence de Copenhague, l'enjeu est de taille pour le chef de l?État, qui veut à tout prix que le nom de Paris ne soit pas associé à un nouvel échec, à deux ans de la présidentielle.
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